Entrez dans l’espérance – Le centenaire de la naissance de saint Jean Paul II

18 Mai 2020 | Actualités - Sur Jean-Paul II

Entrez dans l’espérance

Le centenaire de la naissance de saint Jean Paul II

„Témoin de l’espérance” n’est pas seulement le titre d’une biographie volumineuse de Jean Paul II écrite par George Weigel, mais aussi une synthèse pertinente de la vie du Pape. C’est ainsi que le Saint-Père s’est défini lui-même dans son discours prononcé en 1995 à New York au siège de l’ONU. « Je suis ici devant vous en témoin, témoin de la dignité de l’homme, témoin de l’espérance, témoin de la conviction que le destin de toutes les nations se trouve dans les mains d’une Providence miséricordieuse », a-t-il dit.

L’espérance est en effet le message important qu’il a laissé à l’Église et à l’humanité.  C’est l’espérance d’une vie digne de l’homme et d’un monde plus humain, mais aussi l’espérance chrétienne de la conversion et du salut liée à la Providence divine qui dirige les destins des humains et à la Miséricorde divine en laquelle nous mettons confiance. Le Pape était persuadé que le monde deviendra plus humain quand il deviendra plus divin, plus chrétien. Cette conviction est née de l’expérience des drames qui ont marqué le XXe siècle, drames dont il était témoin.

Épargné pour être témoin du bien

Karol Wojtyła est né pendant la guerre qui a opposé la Pologne venant de retrouver son indépendance à la Russie bolchévique. Le 15 août 1995, faisant allusion à sa visite récente au cimetière militaire de Radzymin, le Pape a dit:  „Je pense toujours à ce qui aurait pu arriver, s’il n’y avait pas eu cette bataille de Radzymiń, ce miracle [au bord] de la Vistule. Cet événement, cette date, sont profondément ancrés dans mon histoire personnelle, dans l’histoire de nous tous.” Il a toujours cru qu’il avait eu la chance de grandir dans un pays de nouveau libre grâce au sacrifice de ses compatriotes et au courage des soldats polonais en 1920, mais aussi grâce à l’intervention de la Providence divine. Pareillement, l’expérience des horreurs de l’occupation nazie la raffermi dans sa décision de devenir prêtre. „Devant l’extension du mal et devant les atrocités de la guerre, le sens du sacerdoce et de sa mission dans le monde devenait toujours plus clair pour moi”, a-t-il confié dans Ma vocation. Don et mystère. Il était conscient que s’il avait été épargné „dans le contexte du grand mal” apporté par le XXe siècle, c’était pour diriger sa vie et celle des autres vers le bien. Il poursuivait fidèlement cette tâche quand il réalisait sa vocation sacerdotale dans une Pologne communiste, en faisant garder la foi à ses compatriotes sous l’emprise de l’idéologie athée. Et lors de son pontificat, lorsqu’il apportait l’espérance aux peuples opprimés, à un monde soumis aux tensions de la guerre froide et à la menace nucléaire.

Il voulait que la dimension spirituelle et morale soit plus présente dans les sociétés de consommation, où se laissaient de plus en plus voir des signes d’expansion d’une civilisation de la mort, excluant du banquet de la vie les plus faibles, les enfants à naître, les personnes âgées. Il enseignait qu’en toute situation la mesure prise contre toute manifestation du mal est le bien, confirmé définitivement par la mort et la résurrection de Jésus Christ. Il faut constamment faire appel au bien, le chercher, le multiplier. Il montrait que poursuivre le Christ veut bien dire entrer dans l’espérance, c’est-à-dire agrandir l’espace du bien dans la vie de chacun, dans l’histoire des hommes, du monde, de l’Église. Il percevait le troisième millénaire comme un appel à l’espérance, une chance pour chacun de se transformer, de tirer des leçons du passé, afin de construire un monde que sera la maison de tous.

Seuil des millénaires et force salvatrice de l’Évangile

Le Pape se rendait compte que l’histoire du XXe siècle, marquée par des guerres, des totalitarismes, des divisions, mais aussi par le doute et le désespoir de tant d’hommes, par des idéologies nourries d’illusions, par le culte de l’argent, du pouvoir et de l’égoïsme, ne devrait peser sur l’avenir. Une lecture attentive de l’encyclique Dominum et Vivificantem ou de la lettre apostolique Tertium Millennio adveniente nous permet de saisir la minutie avec laquelle Jean Paul II a défini les espaces où le bien se multiplie et l’espérance surgit, en créant un vaste programme de préparatifs au Grand Jubilé de l’an 2000, qui en même temps a indiqué les grandes directions à suivre au troisième millémnaire.

L’histoire des hommes est plus qu’une horloge rythmant des années et des siècles, plus que des pages de calendrier remplies de noms et de dates importantes; c’est une scène sur laquelle se déroule la vie, où le bien s’oppose au mal, la grâce au péché, une scène où se forge l’avenir. Jean Paul II nous montrait „la force salvatrice”, qui nous fait franchir le seuil du troisième millénaire, voyant en elle « le seuil de l’espérance” , car le Christ est avec nous. Pour éviter de trébucher aux seuil des époques, il faut tirer les conclusions de ce qui s’est passé, il faut faire un examen de conscience, changer la hiérarchie des valeurs qui était la nôtre, afin de faire accroitre le bien. Il expliquait que celui qui décide d’assumer les exigences de l’Évangile „reconnaît son humanité”  dont il voit la beauté et en même temps les faiblesses à la lumière de la puissance de Dieu. Il l’a bien souligné dans son livre Entrez dans l’espérance, alors que dans la lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, faisant le point du Jubilé qui venait de s’achever, il a présenté le nouveau millénaire qui s’ouvrait comme un vaste océan dans lequel il faut „s’aventurer, comptant sur le soutien du Christ” et sur la force du Saint-Esprit qui nous soutient par „l’espérance qui ne déçoit pas”.

Le centenaire est plus qu’un anniversaire, il est une chance.

Nous célébrons le centenaire de la naissance de Jean Paul II aux temps d’une pandémie. Plusieurs solennités planifiées ont dû être reportées. Le coronavirus nous a rappelé  combien la vie humaine est fragile. Nous regardons anxieusement l’avenir, craignant une crise économique. Or, paradoxalement, le centenaire célébré dans de telles circonstances peut nous aider, permettant de nous concentrer sur le message de l’espérance que saint Jean Paul II nous a laissé.

Depuis sa naissance et durant toute sa vie, en dépit de tant d’adversités et d’événements dramatiques, il était un témoin de l’espérance dans le triomphe du bien. Et il l’est toujours. Plus nombreux sont ceux qui ont résolu de continuer sa mission, plus il reste un témoin de l’espérance, non  pas le semeur d’un optimisme bon marché, mais le gardien d’une foi qui consume comme le feu l’écharde du mal et de la souffrance. Plus le mal autour de nous est banalisé,  plus la souffrance humaine est relégueé hors de la sphère publique, plus le désespoir se répand, plus nous avons besoin de tels témoins. C’est une tâche digne de lui prodiguer des efforts, mettant confiance dans l’assistance de Dieu. Pour finir, une citation du dernier livre du Pape, Mémoire et identité, où le Saint-Père affirme en guise de son testament spirituel que c’est grâce à la foi dans le Christ que  nous pouvons dans chaque circonstance entrer dans l’espérance.

„Je vis constamment en ayant conscience que dans tout ce que je dis et fais pour accomplir ma vocation, ma mission et mon ministère, il se produit quelque chose qui n’est pas exclusivement de mon initiative. […] Les hommes accepteront-ils de tenir compte des dramatiques «leçons» que l’histoire leur a offertes ? Le croyant sait que la présence du mal est toujours accompagnée de la présence du bien, de la grâce.  […] Il n’y a pas de mal dont Dieu ne puisse tirer un bien plus grand. Il n’y a pas de souffrance qu’il sache transformer en chemin qui conduit à Lui”.  

Andrzej Dobrzyński

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