Témoignage de Mgr Riocreux, évêque de Pontoise, sur le spectacle « Jean-Paul II – N’ayez pas peur » de Robert Hossein

Le Palais des Sports de Paris est situé à la Porte de Versailles. C’est là que vous pouvez voir « N’ayez pas peur », le dernier spectacle de Robert Hossein présenté jusqu’au 4 Novembre. Or, la Porte de Versailles est proche de deux lieux où Jean Paul II est venu en 1980, lors de sa première visite à Paris. Le séminaire Saint Sulpice où il rencontra les évêques et les séminaristes, est à quelques centaines de mètres. Et le Parc des Princes où le cardinal Marty avait salué « le pape sportif de Dieu » n’est pas très loin tout comme l’hippodrome de Longchamp, lieu de rassemblement des JMJ. Le jour de la messe papale en août 1997 avec plus d’un million de jeunes, Robert Hossein avait lu le psaume et avait donc été associé à cet évènement immense. Aussi, deux ans après la mort du pape, le célèbre acteur et metteur en scène a souhaité retracer la vie du pape en évoquant sa vie en 33 tableaux, depuis sa jeunesse jusqu’à sa mort.

Ayant apprécié les différents spectacles d’Hossein et notamment Un homme nommé Jésus (1983) et Jésus était son, nom (1991) qui avaient drainé les foules, je me suis fait une joie de participer le 20 Septembre à l’avant première de « son » Jean Paul II. Comme tous les évêques de France, j’avais donc été invité en ayant la possibilité d’élargir l’invitation à des proches. Joie d’emmener les membres du Conseil Episcopal ainsi que mon ami, le Père Vandrisse, le meilleur connaisseur de Jean Paul II. Joie de retrouver d’autres évêques de France, de nombreux prêtres parisiens, des paroissiens de St Ferdinand. Joie de saluer Mgr di Falco et Bernard Lecomte, les précieux consultants de Robert Hossein et d’Alain Decaux. Joie enfin de pouvoir féliciter Robert Hossein à deux reprises : à l’entracte et à la fin du spectacle.

Celui-ci nous avait habitué à ces spectacles dont il a le secret en restituant l’homme dans son époque et en faisant parler des acteurs plus vrais que nature. Le spectacle commence avec la période terrible de la guerre. Le jeune Karol Wojtyla vit avec son père, se révèle un brillant acteur, mais veut répondre à l’appel de Dieu. Par le cinéma, les actualités de l’époque nous permettent de revivre les drames de l’horreur d’Auschwitz et la destruction de Varsovie, du nazisme et du communisme. C’est dans ce contexte que ce jeune chrétien a grandi et s’est préparé à la prêtrise. Son ordination sacerdotale en 1946, son départ pour Rome, ses escapades avec les étudiants, autant de moments vécus avec des moments d’humour par les dialogues, soutenus par une excellente musique.

La première partie s’achève dans le recueillement le plus total du Conclave avec des dialogues imaginés entre cardinaux (dont le cardinal Gantin au nom de l’Afrique !). Jean Paul II accepte la nomination, puis bénit depuis la loggia de St Pierre, prononce le célèbre « N’ayez pas peur »… et pendant dix minutes, le temps de l’entracte, c’est une étonnante prière silencieuse -comme pour « Un homme nommé Jésus »- !

Ensuite, durant toute la deuxième partie, la vie du pape, ses voyages, sa présence aux foules, l’attentat du 13 Mai 1981 et le miracle de sa survie grâce à Notre Dame de Fatima sont présentés dans de très beaux tableaux. Plusieurs moments forts sont également choisis : la chute du mur de Berlin avec la scène imaginée près du mur de la poignée de main entre le pape et Gorbatchev (historiquement, elle a eu lieu plus tard à Rome), la rencontre de Jean Paul II avec les musulmans à Casablanca, la rencontre d’Assise et bien sûr, la prière du pape au Mur des Lamentations à Jérusalem.

Robert Hossein a souhaité une suite de tableaux permettant de comprendre Jean Paul II, homme de Dieu, artisan de paix et citoyen du monde. Il ne s’agit pas d’une reconstitution rigoureuse mais une belle et émouvante évocation de ce grand pape.

Certes, des critiques peuvent être émises. Pour ma part, je me suis laissé conduire et puis je le dire, je me suis émerveillé en particulier dans la scène finale avec l’ultime phrase : « Vous êtes l’espérance du monde ». Elle est d’abord adressée par Jean Paul II aux 70 acteurs – un abbé Pierre, Mère Térésa, Lech Walesa, les gardes suisses…-puis ceux-ci se tournent vers la foule pour leur dire qu’ils sont l’espérance du monde. Invitation à vivre ce que Jean Paul II a enseigné pendant sa vie de prêtre, d’évêque et de pape.

Dans un article présentant le spectacle, Robert Hossein exprime le souhait « qu’à leur tour, les évêques feront passer le message auprès de leurs fidèles ». Volontiers, je répercute auprès de la famille, des amis et des diocésains l’invitation à voir ce spectacle.

Allez au Palais des Sports de la Porte de Versailles. Comme nous, vous passerez une bonne soirée ! Et vous relirez une page de l’histoire contemporaine et la marque laissée par Le grand Jean Paul II.

Jean Yves Riocreux
Evêque de Pontoise

Le 23 Septembre 2007