Témoignages

 

Témoignage du journaliste Marco Tosatti

Marco Tosatti et Jean-Paul IIPendant des années, Marco Tosatti a écrit des articles en analysant  les courants politiques italiens. Dans les années 1970, il travaillait pour le journal italien « La Stampa », lorsque son nom a été évoqué pour couvrir les activités du Vatican. « J'ai dit : « Pourquoi pas ? ». C'était un monde dont j’étais éloigné depuis longtemps, mais c'était un défi pour me remettre à l’étude ».

Fils du journaliste sportif Renato Tosatti  (décédé en 1949 dans la catastrophe aérienne de Superga,  à Turin), Marco a grandi sans soutien parentale. En matière spirituelle, ses seules notions du catholicisme lui venaient des enseignements de sa mère, qu’il est décédée lorsqu’il avait 12 ans, l'âge auquel on cesse d'être un enfant de chœur à la messe. Pendant l'adolescence, il prit radicalement ses distances avec l'Eglise et la foi. « Je suis devenu une personne substantiellement antireligieuse » , dit-il.

Ses premiers contacts avec Jean-Paul II

Fidèle à ses conceptions agnostiques, il commence, en 1981, par couvrir pour son journal les voyages et les activités intenses du bientôt saint Jean-Paul II. Il l'a fait, dit-il, « sous un prisme très laïque. Bien que n'étant pas croyant,  je me suis intéressé à la spiritualité, au sens large, aux  religions orientales et à l'Islam, en particulier ».  Au départ, il ne sentait aucune affection pour le pape. « C'était une relation professionnelle ».

Mais, voyage après voyage, en le regardant,  Marco a été impressionné par la façon de prier du pape. « J'ai alors réalisé que c'était un être humain extraordinaire et d’une grande intelligence. Sa carrière n'était pas celle d’un bureaucrate, il était un acteur de théâtre ! J'allais atterrir dans la foi ».

« Je me tournais vers la prière »

Impressionné, le journaliste qui avait refusé de croire, a succombé à ce qui se passait sous ses yeux. « Quand j'ai bien observé, j'ai reconnu que sa foi était comme celle d'un enfant, simple, même un peu naïve. Depuis lors, je me suis tourné vers la prière ».

Une conversion basée  sur la Résurrection du Seigneur

Heureux et porté par le témoignage du pape, Marco réveilla son intérêt pour en savoir plus, pas seulement pour s’informer. « Ce fut un type d'étude que je n'avais jamais connu. Plus je lisais l'histoire du christianisme, plus je réalisais que notre foi n'est pas abstraite, mais qu’elle est liée à des événements historiques et que ne pas croire en Dieu, c’était aussi nier les témoignages de ceux qui ont payé et continuent de payer pour leur foi ».

Par la miséricorde trouvée en Jésus, laissez-le venir vous embrasser, comme Pierre. « Le fait humain qui m'a le plus touché, c'est quand l'un des apôtres, qui allait plus tard mener l'Eglise, trahi Jésus au moment le plus critique. Et que, peu de temps après, lui et les autres étaient prêts à mourir pour dire qu'ils l’avaient vu ressuscité ». Il doit  au mystère de la Résurrection la compréhension de  sa conversion. « C'est le point central de notre foi. C'est, en mourant et en ressuscitant que Dieu se révèle. C’est seulement après avoir vu cela, que quelque chose se passe dans votre tête et dans votre cœur, car, humainement, c’est inexplicable ».

Aujourd'hui, à 66 années, il a accumulé toute une série d'anecdotes lors de  ses voyages avec les papes Jean- Paul II et Benoît XVI. Il est devenu l'un des plus éminents vaticanistes et a écrit plus de 15 livres qui se rapportent à l'histoire et à la religion. Son témoignage, porteur de lumière, a été diffusé dans un livre « Les nouveaux chrétiens d'Europe », écrit par le journaliste italien Lorenzo Fazzini, en 2010.

 


 

« Une parfaite bonne humeur »

Jean-Paul II et Joaquin Navarro Valls 1La béatification de Jean-Paul II est un événement qui s'annonce mémorable et qui sera précédé par de nombreuses initiatives pour célébrer la figure du futur bienheureux. L'émotion est grande pour ceux qui furent à ses côtés durant son pontificat. C'est le cas de l'ex-directeur de la Salle de presse du Saint Siège, Joaquin Navarro-Valls, qui dans cette interview d'Alexandre Gisotto raconte tous les sentiments avec lesquels il a accueilli l'annonce de la béatification prévue pour le 1er mai.

Navarro: - je dirais avec les mêmes sentiments que j'ai eu quelques minutes après sa disparition, le soir du 2 avril 2005. C'est-à-dire avec des sentiments de grandes reconnaissances envers cette personnalité, ce Pape, qui nous a parlé de Dieu, pas seulement à moi naturellement, mais à toute une génération de façon directe. Il nous a fait comprendre le trésor des valeurs humaines et chrétiennes dont le Pape est le porte-parole.

Q: - Vous avez vécu durant 20 ans aux côtés de Jean-Paul II, mais de quelle façon Karol Wojtyla est présent dans votre vie après le 2 avril 2005 ?

N: - Votre demande me renvoie à quelques jours après sa disparition, lors d'une des conférences de presse qui continuaient durant cette période de Siège vacant. Une journaliste allemande m'a posé la question: "est-ce que Jean-Paul II vous manque, à vous qui avez été aussi proche de lui durant tant d'années de son pontificat?" Ma réponse fut: "Non, il ne me manque pas!" Il ne me manque pas car avant je pouvais être avec lui deux ou trois heures par jour - cela dépendait du type de travail - alors que maintenant je peux être en contact avec lui 24h/24. Il est présent 24 heures par jour, je lui demande de m'aider, comme je souhaitais très modestement lui donner un coup de main dans un aspect de son pontificat: l'aspect de la communication.

Q: - Quel est le don le plus grand que Jean-Paul II vous a fait comme homme, comme croyant ?

N: - Je pense que son grand héritage fut justement lui-même, en tant qu'exemple de ce qu'un chrétien cherche à vivre, l'Evangile, et cela se voyait en lui. Ceci est le don le plus grand. D'autres dons d'une autre dimension sont l'énorme quantité de souvenirs que j'ai eue dans le contact quotidien durant tant d'années.

Q. - Y a-t-il quelques moments, aussi quelques paroles que vous avez vus avec une autre lumière après sa mort ?

N: - Oui, assurément. Il y a une pensée qu'il exprimait en une phrase dont je me souviens textuellement, qu'il a répétée dans différentes occasions, comme à l'Unesco... Cette pensée était: "Une foi qui ne devient pas une culture est une foi mal reçue, mal vécue, mal communiquée". Voilà la phrase que j'ai très souvent en tête. C'est le grand défi, également pour ce moment historique, il y a d'une part le don de la foi, ce que nous connaissons par la foi, mais comment faire de tout cela, une culture ? Une foi qui ne devient pas une culture est une foi mal vécue: ceci est la pensée de Jean-Paul II et je l'ai très souvent à l'esprit.

Q: - Santo Subito (tout de suite saint) ! Depuis ses funérailles, le peuple attendait ce moment de la béatification. Pouvons-nous vraiment dire que le peuple de Dieu a reconnu immédiatement la sainteté du Pape Jean-Paul II ?

N: - Durant de nombreux siècles, les saints se faisaient par acclamation populaire. Et nous avons eu cela devant les yeux durant cette matinée, le jour des funérailles à Saint Pierre. Pourquoi cela ? Parce que l'être humain a une capacité unique, qui est la capacité de connaître la vérité. Nous avons vu durant de nombreuses années, tous, la correspondance entre ce qu'il disait, ce qu'il communiquait, et ce qu'il vivait, qu'il était lui-même. Pour cela, il transmettait les valeurs chrétiennes avec ce qu'il disait et avec sa propre vie.

Q: - vous avez dit une fois que Karol Wojtyla avait la bonne humeur des saints. Voilà qu'il est beau de penser que le Saint Père nous sourit encore aujourd'hui depuis le ciel !

N: - Oui, j'en suis certain, j'en suis convaincu. Le Saint Père, parmi ses nombreuses qualités, avait aussi celle-là: une parfaite bonne humeur ! Il était une personne avec une vision extrêmement positive de l'existence, et cela ne partait pas seulement d'un trait de caractère. Il y avait en lui une conviction que nous sommes tous fils de Dieu, cela était une sécurité, c'est un optimisme qui était évident chez Jean-Paul II. Je me l'imagine maintenant sourire avec encore plus de force devant le regard de Dieu.

(Source : Le Suisse romain)

 

« Je peux être en contact avec lui 24h sur 24 »

Jean-Paul II et Joaquin Navarro Valls 2Jean-Paul II a parlé de Dieu « à toute une génération », et par sa vie même, il a transmis les « valeurs chrétiennes » : c'est ce qu'affirme sur Radio Vatican Joaquín Navarro-Valls, l'ancien directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, à deux mois de la béatification de Jean-Paul II.

Dans cette interview, l'ancien porte-parole du pape polonais affirme avoir accueilli l'annonce de la béatification de Jean-Paul II « avec les mêmes sentiments » que ceux éprouvés « quelques minutes après sa disparition, au soir du 2 avril 2005 ». « C'est-à-dire avec de grands remerciements pour cette personne, pour ce pape qui nous a parlé de Dieu - pas à moi seulement, naturellement, mais à toute une génération - de manière directe ». « Il nous a fait comprendre le trésor de valeurs humaines et chrétiennes dont le pape est le porte-parole », a-t-il expliqué.

Depuis sa disparition, Jean-Paul II « ne me manque pas », parce qu'avant, « je pouvais être avec lui deux ou trois heures par jour en fonction du type de travail, mais maintenant, je peux être en contact avec lui 24h sur 24 », a témoigné l'ancien porte-parole. « Je lui demande de m'aider comme j'ai cherché, très modestement, de l'aider » pendant son pontificat sur « l'aspect communication ».  Il a été « un exemple de ce qu'un chrétien cherche à vivre, l'Evangile, et cela se voyait en lui », a rappelé Joaquín Navarro-Valls. C'est « le don le plus grand » qu'il nous ait fait.

Evoquant les banderoles « Santo subito » apparues le jour de ses funérailles, Joaquín Navarro-Valls a rappelé qu'au long des siècles, « les saints se faisaient par acclamation populaire ».  « Et nous l'avons eu sous les yeux le jour des funérailles à Saint-Pierre. Pourquoi ? », a-t-il ajouté. « Parce que l'être humain a une grande capacité, qui est unique, et propre à l'être humain, de connaître la vérité. Nous avons tous vu, pendant des années, la régularité de vie de Jean-Paul II entre ce qu'il communiquait, ce qu'il disait. Il transmettait les valeurs chrétiennes par ce qu'il disait et par sa vie même ».

Parmi les très nombreuses qualités de Jean-Paul II, a-t-il conclu, il y avait sa très « bonne humeur ». « Il avait une vision extrêmement positive de l'existence » et un   « optimisme évident ». « Je me l'imagine maintenant, souriant, avec beaucoup plus de solidité face au regard de Dieu ! ».

(Source : Zenit)

 


 

Souvenirs, rencontres et réflexions entre histoire et actualité

Joaquin Navarro VallsPorte-parole de Jean-Paul II de 1984 à 2005, Joaquin Navarro-Valls, qui fut psychiatre puis journaliste, relate ses souvenirs des changements survenus en Europe centrale et en Europe de l'Est, afin de témoigner des rôles respectifs de Jean-Paul II, de Reagan et de Gorbatchev, entre autres. Il aborde ensuite la modernité, les aspects contemporains de la morale, de l'éthique et diverses questions d'actualité.

Joaquin Navarro-Valls a été l'une des voix les plus connues du pontificat de Jean-Paul II. Ses articles, régulièrement publiés dans le journal La Repubblica, ont contribué à le rendre encore présent dans l'opinion publique, même après la fin de son mandat de directeur de la Salle de presse du Saint-Siège.

Cet ouvrage donne, pour la première fois, un large aperçu des idées et des souvenirs de Navarro-Valls. Son histoire personnelle est liée à celle des grands personnages qu'il a eus l'occasion de connaître, mais elle a nourri aussi sa réflexion sur les enjeux et les problèmes de notre monde contemporain.

à travers le récit des rencontres avec les protagonistes de l'histoire (Gorbatchev, Mère Teresa, Fidel Castro), mais aussi des anecdotes de la vie quotidienne de Jean-Paul II, Navarro-Valls ouvre aux lecteurs les portes de son expérience, de ses idéaux, des moments extraordinaires qu'il a toujours vécus avec une attention aux détails qui le caractérise.

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Témoignage du Dr Renato Buzzonetti, médecin personnel de Jean-Paul II

« Quand Karol Wojtyla fut élu pape le 16 octobre 1978, il semblait que cet homme vigoureux et infatigable n'aurait jamais eu besoin de médecins. Tout changea le 13 mai 1981 : les projectiles ne le tuèrent pas mais affaiblirent considérablement sa santé de fer », affirme le Dr Renato Buzzonetti dans l’édition du 18 mai 2010 de L'Osservatore Romano. Jean-Paul II aurait eu quatre-vingt dix ans ce jour-là.

Renato BuzzonettiLe médecin personnel du pape polonais, de son élection jusqu'à sa mort (1978-2005), a accordé une interview au quotidien du Saint-Siège dans laquelle il évoque sa mission de « veiller sur l'état de santé » de Jean-Paul II.
Evoquant la manière dont il est devenu médecin personnel du pape polonais, il raconte : « Dans l'après-midi du 29 décembre 1978, alors que je travaillais à l'hôpital Saint-Camille, je reçus un coup de téléphone surprise de Mgr John Magee, du secrétariat particulier du Saint-Père, qui me demandait de venir ». A mon arrivée, « je fus introduit dans un petit salon et peu après, à ma grande surprise, Jean-Paul II arriva accompagné de deux médecins polonais. Il me fit asseoir autour d'une table et me dit qu'il voulait me nommer médecin personnel. (...) Le lendemain, j'écrivis à son secrétaire particulier Mgr Stanislaw Dziwisz, que j'acceptais ».
Le docteur Buzzonetti évoque des relations « empreintes de grande simplicité » avec Jean-Paul II. « De mon côté, il y a toujours eu une sincérité filiale et respectueuse et de la part du pape une confiance affectueuse qui se manifestait avec une grande sobriété de gestes et de mots ».
Jean-Paul II était un « patient docile, attentif, désireux de connaître la cause de ses maux légers ou graves, mais sans la curiosité exaspérée, bien que compréhensible, de certains malades », raconte-t-il encore. Il « n'a jamais montré de moments de découragement face à la souffrance à laquelle il a fait face avec courage ».
Selon le médecin italien, Jean-Paul II « vivait une union intime avec le Seigneur, faite de prières et de contemplation continue ». « Il avait une foi d'acier et une âme dans laquelle se mêlaient le romantisme polonais et le mysticisme slave. Il avait une intelligence pénétrante, une capacité de décision rapide et synthétique, une mémoire sûre et surtout, une capacité évangélique d'aimer, de partager et de pardonner ».
Dans cette interview, le docteur Buzzonetti évoque aussi les derniers moments de Jean-Paul II, la « douleur physique » mais surtout « morale et spirituelle d'un homme en croix qui acceptait tout avec courage et patience : il n'a jamais demandé de calmants, pas même durant la phase finale ». « C'était avant tout la douleur d'un homme bloqué, cloué dans un lit ou dans un fauteuil, qui avait perdu son autonomie physique ».
Vers la fin de sa vie, Jean-Paul II ne pouvait plus rien faire seul : « il ne pouvait pas marcher, il ne pouvait pas parler si ce n'est d'une voix faible et éteinte, sa respiration était devenue fatiguée et entrecoupée, il se nourrissait de plus en plus difficilement ».
Fenêtre« Comme ils étaient loin ces mémorables rassemblements internationaux de la jeunesse, les grands discours aux assemblées mondiales, les randonnées en montagne, les vacances sur les pistes de ski, les fatigantes visites pastorales aux paroisses de Cracovie et de Rome », se rappelle le docteur Buzzonetti.
Et pourtant, « quand vint l'heure de la croix », le pape polonais « sut l'embrasser sans hésitation ».
Le médecin personnel de Jean-Paul II pendant plus de 25 ans évoque aussi les escapades secrètes du pape hors du Vatican et auxquelles il a participé : « Durant les premières années, il s'agissait de sorties à la montagne ou à la mer, près de Rome, qui comportaient de longues marches à pied ou beaucoup d'heures de ski. Avec l'âge, les trajets à pied se firent plus brefs et les excursions, après le transfert en voiture, se concluaient par une longue pause à l'ombre d'une tente face à des points de vue apaisants, au pied des cimes souvent enneigées et avec un déjeuner dans le sac ».
Il raconte enfin ces fins de journée, avant de reprendre la route vers Rome. « Le pape aimait écouter des chants de montagne entonnés par sa petite suite, auxquels se joignaient les gendarmes du Vatican et les policiers italiens de l'escorte, et il me revenait de diriger ce chœur de manière improvisée, sous l'œil amusé de Jean-Paul II », conclut-il.

Source : Zénit

 


 

Le mendiant qui confessa Jean-Paul II

Jean-Paul IIUn prêtre américain du diocèse de New York voulu aller  prier dans  l'une des paroisses de Rome où, en entrant, il rencontra un mendiant. Après l’avoir observé pendant un certain temps, le prêtre se rendit compte qu'il connaissait l'homme. Il a été boursier du séminaire et ordonné le même jour que lui. Maintenant, il faisait la mendicité dans la rue.  Le prêtre le salua et après avoir entendu de sa bouche comment il avait perdu sa foi et sa vocation,  il fut profondément ébranlé.

Le lendemain, le prêtre, arrivé de New York, eu l'occasion d'assister à la messe privée du pape et de pouvoir le saluer la fin de la célébration, comme c'est la coutume. Lors de  son tour, il ressentit le besoin de s'agenouiller devant le Saint-Père et de demander de prier pour son ami de séminaire, et de décrire la situation au pape.

Un jour après, il reçu du  Vatican une invitation  à dîner avec le pape, lui demandant d’amener le pauvre de la paroisse. Le prêtre revint à la paroisse et dit à son ami le désir du pape. Une fois qu’il a convaincu le mendiant, il l’a conduit à son lieu d'hébergement, où il lui a offert des vêtements et la possibilité de se laver.

Le pape, après le dîner, dit au prêtre de les laisser seuls, et demanda au mendiant d'entendre sa confession. L'homme, impressionné, il a répondu qu’il  n'était plus un prêtre. Ce à quoi le pape a répondu : «Une fois  prêtre, on est prêtre pour toujours." "Mais je n’ai plus mes facultés sacerdotales», a insisté le mendiant. «Je suis l'évêque de Rome et je peux les rendre» a déclaré le pape.  L'homme a entendu la confession du Saint-Père et lui a demandé à son tour d'entendre son propre aveu. Après, il pleura amèrement. à la fin,  Jean-Paul II lui a demandé ce qu’avait été la mendicité à la paroisse. Ensuite,  il a été nommé vicaire de la même paroisse, et il reçu la charge de prendre soin des  mendiants.

 


 

« Karol Wojtyla m’a aidé en 1945 »

Zirer Edith, vivant à Haïfa, sur une colline du Mont-Carmel, voulait être avec le pape lors de son voyage historique en Terre Sainte de l’an 2000.  Elle a  pu le remercier personnellement au Mémorial de Yad Vashem Holocaust. Ce fut un jour inoubliable pour elle et pour toute la population juive et une leçon universelle de l'humanité.

Edith Zirer raconte l'histoire comme si c'était hier, un matin froid au début de février 1945. La petite juive, n'était pas encore conscience d'être le seul membre de sa famille à avoir survécu au massacre nazi, lorsqu’elle a été emportée dans les bras d'un prêtre de 25 ans, grand et fort. Sans rien lui demander, il lui a donné une lueur d'espoir.

Maintenant ce prêtre, dit-elle,  est l'évêque de Rome. Edith voulait enfin le remercier de son  geste. «Juste un peu merci pour ce qu'il a fait, la façon dont il l’a fait, et pour lui dire que je ne l'ai jamais oublié », dit-elle de sa maison située sur les contreforts du Mont-Carmel, dans la banlieue de Haïfa.

Edith est mariée et a deux enfants. Elle a reconstruit sa vie en Israël,  depuis 1951, bien que la tuberculose, dont elle souffre, et les fantômes de la guerre  aient modifié ses rêves.

Elle a gardé pour elle cette histoire pendant longtemps. Lorsqu’ en 1978, Karol Wojtyla devint le successeur de Pierre, elle a commencé à sentir le besoin d’en parler. Une question lui était posée  immédiatement : mais comment pouvez-vous être sûr que ce prêtre est le pape? Pourquoi avez-vous attendu si longtemps ?  Pour les journalistes d’ Haifa, «L'histoire est convaincante. Elle n'essaie pas de se mettre en avant, tous les détails semblent crédibles ».
L'histoire parle d'elle-même. "Le 28 janvier 1945, les soldats russes ont libéré le camp de concentration de Hassaké, où j’avais été emprisonnée pendant près de trois ans pour travailler dans une usine de munitions», dit Edith, qui était alors âgé de treize ans. J'étais abattue par la maladie. Deux jours plus tard, je suis arrivé à une petite gare entre Czestochowa et Cracovie. Précisément à Cracovie, Karol Wojtyla venait d'être ordonné diacre. "J'étais convaincu d'arriver au bout de mon voyage. J'étais couché sur le sol dans un coin d'une grande salle avec des dizaines de réfugiés.  La plupart d'entre eux portaient encore des uniformes des camps de concentration. Ensuite,  j’ai vu Wojtyla qui est venu vers moi avec une bonne tasse de thé, la première boisson chaude prises depuis des semaines. Puis il m’a apporté un sandwich au fromage et au pain noir. Mais je ne mangeais pas, j'étais trop fatigué. Puis il m'a dit que je devais marcher pour prendre le train. J'ai essayé, mais je suis tombée au sol. Il m’a relevée  et m'a soutenue un long moment. La neige tombait toujours. Je me souviens de sa veste brune, de sa voix calme qui m'a parlé de la mort de ses parents, de son frère, de la solitude dans laquelle il a été, et de la nécessité de ne pas se laisser influencer par la douleur et de la lutte pour vivre. Son nom est gravé dans ma mémoire de manière  indélébile. "

Lorsque le convoi a finalement atteint son but visant à mettre les prisonniers à l'Ouest, Edith a rencontré une famille juive qui l'a averti: «Méfie-toi des prêtres qui tentent de convertir les enfants juifs." "C'est alors seulement que j'ai réalisé que tout ce qu'il voulait, c'était de m’aider. Et je lui dirais personnellement. "

Zirer Edith

Zirer Edith  a  pu le remercier personnellement, 55 ans plus tard, au Mémorial de Yad Vashem Holocaus, le 23 mars 2000.

 


 

Karol Wojtyla : fidèle soutien des mouvements « Oasis » et « Lumière et Vie »

Dans son livre Témoin de l'espérance, George Weigel relève l'incroyable facilité de contact qu’avait Karol Wojtyla, alors archevêque de Cracovie, avec des personnalités charismatiques  qui n’ont pas toujours été bien acceptés à tous les niveaux de l'Eglise.

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Une de ces personnalités charismatiques du temps du communisme en Pologne, a été le père Franciszek Blachnicki (1921-1987),  figure centrale des mouvements «Lumière et Vie» et «Oasis», qui organisaient des camps d'été pour les jeunes et les familles. Blachnicki avait rencontré Karol Wojtyla à l'Université catholique de Lublin, au milieu des années 50, lorsque Blachniki était déterminé à introduire un renouveau liturgique dans l'aumônerie universitaire.

Comme archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla a pris sous sa protection le père Franciszek Blachnicki au mépris des tentatives du régime pour séparer les jeunes de leurs familles.

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Weigel  dit admiré qu’il admirait son travail et qu’il partageait son analyse de la situation en Pologne. Ils prônaient tous les deux une stratégie pastorale de la résistance par l'éducation des jeunes qui les amenait à se décider à vivre "un engagement chrétien intégral»,  position qui Wojtyla déclara plus tard «avoir sauvé la jeunesse polonaise».

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Les autorités surveillaient de près les camps d'été d’"Oasis" et harcelaient constamment Blachniki en le surprenant lors des camps et en faisant valoir que les permis n’étaient pas  valide. Les propriétaires des champs loués ou empruntés devaient aussi payer de lourdes amendes. Pour contrer ces situations, Wojtyla  visitait les camps pour y célébrer la messe et donner des conférences. Il suggérait subtilement aux autorités du régime de ne pas déranger les gens de Blachniki, faisant valoir que l'incident pourrait causer des effets désagréables s’ils  investissaient le camp à un moment où l'archevêque était présent. Cette tactique de survie, défendue bec et ongles et employée à bon escient était essentielle, à cette époque, pour éviter d'être submergé.  Les camps des mouvements "Oasis" et« Lumière et Vie » faisaient partie des activités des groupes informels de jeunes  que Wojtyla et ses collègues ont soutenu et développé pour braver l'interdiction de toute organisation" catholique ".

Jean-Paul II, dans son livre « Levez-vous ! Allons ! », raconte ainsi ses souvenirs :

"Les communistes avaient supprimé toutes les associations catholiques pour la jeunesse. Il fallait donc trouver la façon de remédier à ce manque. Et c’est là qu’entra en scène l’abbé Franciszek Blachnicki, aujourd’hui serviteur de Dieu. Il fut l’initiateur de ce que l’on a appelé « mouvement des oasis ». J’ai été beaucoup lié à ce mouvement et j’ai essayé de l’aider de toutes manières. J’ai défendu les « oasis » contre les autorités communistes, je les ai soutenues matériellement et, évidemment, je prenais part à leurs rencontres.  Lorsque les vacances arrivaient, je rejoignais souvent les « oasis », c’est-à-dire les camps d’été organisés pour les jeunes appartenant au mouvement. J’y prêchais, je parlais avec les jeunes, je m’unissais à leurs chants autour du feu, je participais à leurs excursions en montagne. Souvent je célébrais la messe pour eux en plein air. Tout cela formait un programme pastoral plutôt intensif.
Pendant le pèlerinage de 2002 dans ma région de Cracovie, les membres des oasis ont chanté :

Tu es venu sur le rivage ;
Tu recherchais ni des sages ni des riches,
Tu as seulement demandé que je te suive.

Seigneur, tu m’as regardé dans les yeux,
En souriant, tu as prononcé mon nom.
Ma barque, je l’ai laissée sur le rivage,
Avec toi je franchirai une autre mer.

Je leur ai dit qu’en un sens ce chant des oasis m’avait conduit hors de ma patrie, jusqu’à Rome. Son contenu profond m’avait soutenu même quand j’ai été affronté à la décision prise par le conclave. Et ensuite, tout au long de mon pontificat, jamais je ne me suis détaché de ce chant. Du reste, il m’était constamment rappelé, non seulement en Pologne, mais aussi dans d’autres pays du monde. L’écouter me ramenait toujours à mes rencontres comme évêque avec les jeunes. J’évalue très positivement cette grande expérience. Je l’ai apportée avec moi à Rome. Ici aussi j’ai essayé d’en tirer des fruits, multipliant les occasions de rencontrer les jeunes. Les « Journées Mondiales de la Jeunesse », en un sens, sont nées de cette expérience ».

 


 

Un personnage d’une immense richesse

Jean-Paul II avait écrit une lettre de démission en cas d'empêchement majeur d'exercer sa fonction de pape, a affirmé, mardi 26 janvier 2010, le postulateur de la cause de béatification, Mgr Slawomir Oder. Cette lettre, jusqu'ici inédite, est publiée dans le livre Pourquoi il est saint, le vrai Jean-Paul II, écrit par le prélat polonais avec le journaliste Saverio Gaeta et présenté au cours d'une conférence de presse à la veille de sa sortie en librairie en Italie. Le récit se base sur les 114 témoignages recueillis dans le cadre du processus de béatification du pape polonais, au cours duquel le "postulateur" est chargé de rassembler les éléments et défendre la cause de la béatification.

Diffusion de la nouvelle sur trois sites Internet :

1) Article de  Jean-François Verdonnet  publié sur le site de La Tribune de Genève  (28/01/2010)

Jean Paul IILe pape «se flagellait». Il «passait fréquemment la nuit à même le sol». Il se privait souvent de nourriture. Le pape? Jean Paul II, tel que le décrivent les auteurs d’un ouvrage publié en Italie.

Voilà un peu plus d’un mois, Benoît XVI signait un décret reconnaissant «les vertus héroïques» de son prédécesseur, étape obligée de la procédure de béatification. Le livre présenté mardi à Rome pourrait être versé au dossier. Son titre: Pourquoi il est saint.

Fondé sur des entretiens menés avec 114 témoins dans le cadre du procès en canonisation, l’ouvrage est rédigé par un journaliste, Saverio Gaeta, et par Mgr Slawomir Oder, l’évêque chargé de l’enquête préalable. Il comporte également des documents inédits issus des services secrets italiens et polonais.

Une vocation monastique

Est confirmé l’espionnage constant qu’exerçaient les agents du pouvoir communiste. Sur le jeune prêtre Karol Woytyla, avant son ordination, puis sur l’évêque auxiliaire de Cracovie. Dans les années 60, précise l’agence catholique Zenit, une «structure est totalement consacrée à sa surveillance».

Les «révélations» les plus nettes portent sur les «mortifications corporelles» qu’il s’infligeait. Ainsi de la flagellation: dans son armoire, parmi ses habits, il avait une ceinture qu’il emmenait aussi avec lui dans sa résidence de Castel Gandolfo. «Certains membres de son entourage ont pu l’entendre de leurs propres oreilles s’autoflageller.»

Ces exercices pénitentiels sont à relier à «sa vocation monastique», indique Bernard Lecomte, auteur d’une monumentale biographie de Jean Paul II. Ce pape, ajoute-t-il, est «d’abord un mystique», un «bloc de prières». «N’oubliez pas qu’à deux reprises, il a voulu entrer au monastère.» Qu’il ait été tenté dans sa vie spirituelle par des «techniques vieilles de deux mille ans», il n’y aurait donc rien là de très étonnant.

Théologie de la souffrance

Il était aussi familier d’une «théologie de la souffrance». Parmi ses modèles figurait Jean-Marie Vianney: le curé d’Ars. Jeune prêtre, il s’était rendu à Ars dès 1947 lors d’un séjour en France, avant d’y célébrer à nouveau la messe en 1986.

Cela dit, souligne Lecomte, rien ne serait plus faux que de le dépeindre en «exalté mystique». Il était au contraire «très prudent». «Il était comme absorbé en Dieu», affirme de son côté le cardinal José Saraiva Martins – préfet émérite pour les causes des saints.

Ce goût pour la pénitence ne trahit-il pas une facette plus sombre, une tentation mélancolique? Bernard Lecomte écarte la question: «Sa seule mélancolie, c’est peut-être de n’avoir pas été père, de n’avoir pas eu d’enfants.» Vaine spéculation. «Dans cette vie si publique, il y a peu d’ombre, rappelle-t-il. On sait presque au jour le jour tout ce qu’il a fait pendant 84 ans.» Si des révélations ne sont pas à exclure, elles seront «secondaires». Tout au plus permettront-elles de «compléter le portrait d’un personnage d’une immense richesse».

2) Article de Xavier Accart  publié le site de La Vie (27/01/2010)

Jean-Paul II portait un cilice pendant le carême et se flagellait avec sa ceinture. C'est ce qu'affirme "Pourquoi il est saint : le vrai Jean-Paul II", un livre en italien de Mgr Slawomir Oder, le postulateur de la cause de béatification du pape polonais.

La diffusion de la nouvelle sur de nombreux sites Internet a suscité un buzz qui trahit une vive incompréhension. "On garde en effet l'image d'un pape sportif et bon vivant qui, dès son élection, avait fait creuser une piscine à Castel Gandolfo pour se maintenir en forme", remarque son biographe Bernard Lecomte. "Qui ne garde le souvenir, de Jean-Paul II dans sa combinaison blanche skiant dans les Alpes ? Il faut cependant avoir à l'esprit que Wojtyla était d'abord un mystique, un chercheur de Dieu qui ne renonça à aucun moyen pour se rapprocher du Christ."

Bernard Lecomte n'est nullement surpris de ses révélations au regard du pedigree spirituel du futur bienheureux. D'un côté, il y a le Carmel où ce dernier a voulu entrer pendant la guerre à deux reprises. Un ordre religieux réformé par la mystique Thérèse d'Avila, au sein duquel en Pologne, à cette époque, ce type d'exercice était courant.

De l'autre, il y a le curé d'Ars que Jean-Paul II a considéré comme son modèle dès sa première visite à Ars, quand il n'était encore étudiant. Or, ce prêtre du XIXe siècle dont on parle beaucoup cette année portait également un cilice et pratiquait des pénitences assez austères.

Pour Joachim Boufflet, expert auprès du Vatican pour les causes de béatification et spécialiste des phénomènes mystiques, ces pratiques sont une constante dans l'histoire de la mystique, des Pères du désert à Padre Pio. François d'Assise par exemple se roulait dans un buisson d'épines pour dompter ses pulsions charnelles. "Je pourrais citer des dizaines de noms d'inconnus du public dont la cause de béatification est en cours et qui eurent de semblables pratiques", ajoute Joachim Boufflet.

Mgr Oder, l'auteur du livre qui a déclenché la polémique, interprète les mortifications de Jean-Paul II comme une volonté de mettre en pratique ces paroles de saint Paul (Col, 1, 24) : "Ce qui manque aux souffrances du Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Eglise."

"Vouloir attribuer cette démarche à des problèmes psychologiques serait passer à côté de la spécificité du phénomène mystique qui ressortit d'un autre plan", avertit Joachim Boufflet. La plupart des grands saints qui en témoignent étaient des prodiges d'équilibre humains, des saints joyeux qui n'imposaient à personnes ce qui était le secret de leur relation à Dieu."

Bernard Lecomte met de son côté en garde contre la tentation de se focaliser sur cet aspect marginal de la vie de Jean-Paul II et qui ne fait pas partie des exigences de base que l'Eglise demande à tout chrétien. Après tout, la réaction très vive des internautes n'est-elle pas à rapprocher de celle qu'avait suscitée à la fin de son mandat la volonté du pape que sa souffrance, due à la maladie cette fois, reste visible et utile jusqu'au bout ?

3) Article de  Jean-Marie Guénois  publié sur le site du Figaro (28/01/2010)

J'avoue être mal à l'aise devant les « révélations » de Mgr Oder, le postulateur de la cause de béatification de Jean-Paul II, à propos des pratiques de pénitence corporelle de ce pape, « l'auto flagellation » en l'occurrence.

Sur le fait lui-même je n'ai rien à dire. C'est une tradition spirituelle ancienne et très particulière dans l'univers chrétien. Elle se fonde sur l'imitation et l'association aux souffrances du Christ et l'Eglise catholique n'impose pas de telles pratiques qui n'apparaissent d'ailleurs pas dans le corpus de sa doctrine spirituelle alors qu'elle recommande le jeûne, certains jours du carême.

Le fait que Jean-Paul II s'échappait souvent du Vatican, caché dans une camionnette, pour aller skier certains jeudis d'hiver, rassure sur sa vision du corps. S'il pratiquait à la fois le sport et ce genre de discipline personnelle prouve qu'il n'avait pas une vision morbide et douloureuse du corps humain qui est une déviation possible du message chrétien fondé sur l'incarnation du divin. Et sur la défense de l'éminente dignité du corps.

Non, ce qui me choque, est la diffusion sur la place publique d'une telle intimité. Non parce qu'elle peut créer une incompréhension anachronique dans une société hédoniste où ce genre de pratique apparaîtrait scandaleuse. Mais parce que la vie spirituelle intime, que l'on croit ou non en Dieu, est un sanctuaire inviolable de la conscience personnelle.

Post scriptum : Certains vont me dire : alors pourquoi avoir écrit un article à se sujet ? La réponse est que nous ne sommes plus dans le registre de la rumeur mais dans un sujet d'actualité incontournable dès lors que la personne la plus autorisée sur le sujet - le postulateur de la cause - s'exprime publiquement.

Lire l'interview de Daniel Ange dans Famille Chrétienne

 


 

Joseph Vandrisse : un regard privilégié

Joseph VandrisseOriginaire de Tourcoing, issu d’une famille nombreuse, le jeune Joseph Vandrisse fait ses études au Collège du Sacré-Cœur de sa ville natale. A la fin de son année de première, il se destine à poursuivre sa scolarité en médecine. Son professeur de lettres en dissuade ses parents. « Vous êtes fait pour être professeur ou avocat » lui dit-on. Mais sa première idée, devenir Père blanc, l’emportera. En 44, les pères blancs ouvrent de nouvelles maisons, notamment deux séminaires à Carthage (Tunisie) et à Alger. En 1946 et 1947, Joseph Vandrisse partage sa vie entre la France et la Tunisie. Deux années de séminaire, exceptionnelles se souvient-il, la découverte d’un autre monde, d’autres cultures, dans des conditions d’études tellement privilégiées. A 23 ans, Joseph Vandrisse est ordonné prêtre à Lille. Six mois plus tard, il est nommé professeur de lettres et d’histoire au séminaire grec catholique de Rayak au Liban.

Puis à Rome, chez les Jésuites,  il poursuit des études à l’Institut oriental, des études sur l’islamologie et les langues arabes. A la même époque, il séjourne régulièrement au Liban où il s’intéresse déjà à la presse avec Le Courrier de Sainte-Anne.
A partir de 1966, il est invité à se rendre trois ou quatre mois par an au Liban pour collaborer à l’Institut Cathéchétique de Beyrouth à Notre-Dame des Dons. Là, il gère autant la publication des textes cathéchétiques que leur rédaction. Il est choisi pour être responsable de la DCC pour le Proche-Orient.

En 1971, les Pères Blancs à leur chapitre général décident de quitter le Mozambique, gênés par la politique coloniale du Portugal. Le Père Vandrisse prend part aux débats et à une conférence de presse aux Missions Etrangères de Paris (MEP). On remarque à cette occasion les qualités professionnelles du Père Vandrisse et on lui conseille de devenir journaliste. Un poste est vacant à Rome et son expérience conviendrait fort bien.

Joseph VandrissePendant, 27 ans, de 1974 à 2002, Joseph Vandrisse assure cette fonction devenant aussitôt correspondant permanent pour le Figaro, puis reporter auprès du Cardinal Wojtyla. Sous le pontificat de Jean-Paul II, il collabore à de nombreux journaux (Ouest France, La Liberté, le Quotidien de Fribourg …) et radios (Radio Notre-Dame, RFI, RTL …). Durant ces longues années, le Père Vandrisse a donc accompagné la plupart des voyages pontificaux. Courant les continents, il lui a été donné d’approcher le pape ici dans un avion, là au sortir d’une messe, dans un salon diplomatique, en conférence de presse impromptue, lors de conversations inopinées comme dans les temps de prière.
Le Père Vandrisse a écrit plusieurs ouvrages, notamment Les fumées du Vatican sur l’année des trois papes. On lira aussi avec intérêt ses souvenirs de Jean-Paul II dans son ouvrage Ce jour-là Jean-Paul II, rédigé en collaboration avec Samuel Pruvot.

La Fondation Jean-Paul II est très reconnaissante au Père Joseph Vandrisse de lui avoir donné ses archives sur le pontificat de Jean-Paul II.

(Source : Peuples du Monde , N°390, mai 2005)

 

Lire un entretien avec le Père Joseph Vandrisse

Commander son dernier livre

 


Mgr Stanislas Dziwisz : « Je n'ai jamais douté de sa sainteté »

Entretien accordé à Jean-Marie Guénois du Figaro (décembre 2009)

Vous le connaissez mieux que quiconque pour avoir été pendant douze ans à Cracovie et vingt-sept ans à Rome son secrétaire particulier : comment réagirait-il s'il apprenait que l'église va faire de lui un saint ?
Je pense qu'il plaisanterait de lui-même ! Parce qu'il était un homme d'une extrême simplicité. Il aimait rire. Ainsi le jour de son élection : je l'ai quitté cardinal et, à l'issue du Conclave, je le retrouve pape ! Dès qu'il m'a vu, il m'a dit en polonais : « Regarde un peu ce que viennent de faire les cardinaux ! » Son goût pour l'humour s'arrêtait toutefois si une plaisanterie pouvait offenser quelqu'un. Il était d'une grande délicatesse pour les personnes

Quels étaient ses défauts ?
Tout homme est toujours faible. Mais un saint est un homme qui sait dépasser ses faiblesses avec la grâce du Seigneur et avec les moyens que Dieu nous a laissés, à savoir les sacrements : Jean-Paul II se confessait toutes les semaines.

Il n'avait aucun défaut…
Demandez à son confesseur mais pas à moi !

A-t-il eu conscience d'avoir joué un rôle de premier plan, notamment en Europe ?
C'est un fait historique, mais lui ne l'analysait pas comme nous le faisons. C'était un homme de Dieu, il allait de l'avant pour accomplir la mission à laquelle le Seigneur l'avait appelé. Même dans les situations très difficiles, il restait très indépendant et ne se souciait pas de ce que l'on pouvait dire.

Quelle a été la grande épreuve de sa vie ?
« Les » grandes épreuves ! Il a eu tellement de choses à affronter sur le plan géopolitique et sur le plan ecclésial…

Mais comment réagissait-il dans ces moments de haute tension, notamment quand l'état de siège est proclamé en Pologne, le 13 décembre 1981, et qu'il doit prendre la parole ?
Il s'agissait alors d'être fort mais sans provoquer, pour éviter toute confrontation. Il voulait à tout prix éviter la violence et le sang versé. Il a donc martelé l'exigence, pour le peuple polonais, des droits fondamentaux de liberté et de conscience.

Comment se comportait-il dans des situations aussi tendues ?
Il ne réagissait pas sous le coup de l'émotion. Il gardait toujours une distance pour prendre la décision juste. Je l'ai rarement vu hausser la voix, sauf en Sicile contre la Mafia ou encore avant la guerre en Irak. Sa force était de pouvoir travailler tranquillement. Il n'était jamais agité et se contrôlait. Ce qui lui a permis de tenir à ce poste, car un homme qui n'est pas assuré émotionnellement y perd ses forces et sa santé.

Quelle aura été sa grande satisfaction ?
Les Journées mondiales de la jeunesse ! Voir des millions de jeunes répondre à l'invitation de l'église sur tous les continents. Je peux dire aujourd'hui que la rencontre avec les jeunes, à Paris, au Parc des Princes, en 1980, a été décisive. C'est là qu'il a compris que les jeunes cherchaient et qu'il fallait leur donner une réponse.

Quels obstacles le procès de béatification a-t-il rencontré ?
Toutes les objections ont été étudiées avec soin par le procès, qui a pris son temps et n'a rien éludé.

Quelle est votre première réaction à cette béatification ?
Ce décret des vertus héroïques est le pas le plus important pour la béatification et pour la canonisation. Sans ce décret, on ne peut rien faire. Il est la confirmation de la sainteté. Je suis donc profondément reconnaissant. En tant que témoin quotidien de sa vie mais aussi parce qu'il a tellement apporté à des millions de gens. Tous attendent cette nouvelle. Et pas seulement les chrétiens : il est aimé et estimé par les juifs, les musulmans, les adeptes des religions orientales, parce qu'il a établi des ponts, qu'il a abattu des murs - et pas seulement celui de Berlin, mais aussi des murs entre les religions ! Je suis donc très heureux et reconnaissant à Benoît XVI qui partage ce même sentiment. Il connaissait personnellement Jean-Paul II et lui non plus n'a pas besoin de ce procès de béatification.

Qu'est-ce que cette béatification va apporter au juste ?
Les gens qui le connaissent de près n'ont jamais eu de doute sur sa sainteté, mais elle apporte une certitude et la confirmation que la voie qu'il a empruntée est juste.

à partir de quand avez-vous eu cette conviction ?
Il a été mon professeur dès la première année de séminaire. C'était un excellent professeur mais ce qui nous frappait était de le voir aller, à chaque intercours, à la chapelle. Comme s'il était pris par la prière et par le contact avec Dieu. Il priait comme prient les saints. Il attirait déjà beaucoup et confessait énormément.

Qu'est-ce qui vous a personnellement marqué le plus ?
Sa vertu la plus forte, qui était la contemplation, le contact avec Dieu. Mais aussi une grande pauvreté. Il n'a jamais rien eu à lui. Ce qu'il avait devait servir aux autres. Il ne voulait pas de choses nouvelles. Il portait toujours les mêmes vêtements. Même au Vatican, il ne voulait rien de particulier. Il ne perdait jamais de temps. Il était très discipliné pour les pratiques spirituelles mais aussi pour le travail ! Tous ceux qui voyageaient avec lui étaient frappés de voir qu'une fois les salutations diverses et obligations accomplies, il se plongeait aussitôt dans la prière ou dans la lecture d'ouvrages. Enfin, son envergure intellectuelle : il avait une vision des problèmes du monde et de l'église. Ses collaborateurs, ici comme à Rome, pouvaient toujours savoir où il allait. Et puis, il a été le pape de tous. Il n'a jamais cherché à être le pape d'une partie de l'église.

A-t-il changé votre vie ?
J'ai toujours cherché à le servir, à l'aider, dans la limite de ce qu'un secrétaire personnel doit faire, sans jamais me substituer à d'autres. Ma vie a été la sienne. Je n'ai jamais eu, pour ainsi dire, de vie personnelle, mais quelle intensité !

Est-ce que vous lui parlez encore dans la prière ?
Je ne « parle » pas avec lui mais quand j'ai un problème personnel ou dans ma responsabilité pastorale, je prie Dieu à travers lui, sans oublier tous les gens qui me demandent de le prier. Je suis convaincu qu'il m'aide très souvent.

C'est-à-dire ?
Je ne peux pas parler de « miracles », car c'est à l'église de discerner, mais je constate tant de « grâces », notamment pour des guérisons de cancers ou de réconciliation de couples divisés. Il y a encore quelques jours, le père d'un de nos jeunes employés, atteint de tumeurs très graves au poumon, se préparait à une opération chirurgicale désespérée. Nous avons prié instamment et les sœurs avaient donné à la famille un petit morceau d'une des soutanes de Jean-Paul II. Au moment de la dernière visite avant l'opération, les médecins ont dû constater que l'homme n'avait plus rien. Il est rentré chez lui.

 


Juan-José a entendu l’appel de Jean-Paul II

Jean-Paul IIDepuis ma naissance, j’ai reçu la foi dans la paroisse Saint François d’Assise à Alcalà de Henares (Espagne), où j’ai été baptisé et où j’ai fait ma première communion. Un jour, il y a sept ans, un séminariste est passé par la paroisse pour donner un témoignage sur sa vocation. Le temps passa mais je voulu le connaître. Je suis allé le rencontrer au séminaire, où je fus touché au cœur par quelque chose. Dans une des chapelles, il y avait un crucifix. Sur un côté, une inscription disait : « J’ai soif ». Je restai assez longtemps seul en priant devant cette statue. Je compris que le Seigneur n’avait pas seulement une soif physique : il avait soif de moi ; il me voulait pour Lui. A partir de ce moment, j’ai commencé à me poser le problème de la vocation sacerdotale.

En 2003, une personne qui a tenu un rôle très important dans ma vie et ma vocation, est venue en Espagne : Jean-Paul II. A Cuatros Vientos (Madrid), lors de la rencontre des jeunes avec le pape, le soir du 2 mai 2003, le Seigneur m’a de nouveau appelé : « Suis-moi ». Le pape âgé nous donna le témoignage de sa vie, en affirmant : « en regardant derrière moi et en contemplant toutes les années de ma vie, je peux vous dire que cela vaut la peine de se donner au Christ et, à cause de cet amour, de se consacrer au service des hommes ». Ces mots sont compréhensibles sur les lèvres d’une personne jeune et pleine de vie ; mais dites par un vieil homme, quasi invalide et usé par son don à l’Eglise, ils me touchèrent au fond du cœur d’une manière très spéciale. « Si tu sens l’appel de Dieu qui te dit « Suis-moi » - continua de nous dire le pape – ne soit pas passif, soit généreux et répond comme Marie, offrant à Dieu le don précieux de ta personne et de ta vie ». A ce moment précis, j’ai décidé de me donner complètement au Seigneur.

Juan José

Juan-José (élève au Séminaire d’Alcalà de Henares – Espagne)

Source : www.seminarioalcala.es

 


Entretien de Benoît XVI sur Jean-Paul II

020408_jean_paul_iiA l’occasion du trentième anniversaire de l’élection du pape Jean-Paul II, Nous publions le texte de l’entretien que Benoît XVI a accordé à la chaîne publique de la télévision polonaise, le dimanche 16 octobre 2005, à l’occasion de la « Journée Jean-Paul II » célébrée, le jour anniversaire de l’élection du cardinal Karol Wojtyla comme évêque de Rome. Benoît XVI répondait aux questions de Andrzej Majewski, responsable des émissions catholiques pour la télévision publique polonaise.

Merci de tout cœur, Saint Père, de nous avoir accordé cette brève interview, à l’occasion de la journée du Pape célébrée en Pologne.
Le 16 octobre 1978, le Cardinal Karol Wojtyla devenait Pape. A partir de ce jour, pour plus de 26 ans, Jean Paul II, en tant que successeur de Saint Pierre, comme vous aujourd’hui, a dirigé l’Eglise avec les évêques et les cardinaux. Vous étiez parmi ces cardinaux, une personne particulièrement appréciée et estimée par votre prédécesseur; personne au sujet de laquelle le Pape Jean-Paul II a écrit dans son livre « Levez-vous, allons », je cite « Je remercie Dieu pour la présence et l’aide du Cardinal Ratzinger. C’est un ami sûr », a écrit Jean-Paul II.

Q: Saint Père, comment est née cette amitié et quand votre Sainteté a-t-elle connu le Cardinal Karol Wojtyla ?

R: Personnellement, j’ai fait sa connaissance lors des deux pré-conclave et conclave de 1978. J’avais naturellement entendu parler du Cardinal Wojtyla, au départ surtout dans le contexte de l’échange de lettres entre les évêques polonais et allemands, en 1965. Les cardinaux allemands m’ont raconté combien le mérite et la contribution de l’Archevêque de Cracovie étaient grands et qu’il était vraiment l’âme de cette correspondance réellement historique. J’avais également eu écho, par des amis universitaires, de sa philosophie et de sa stature de penseur. Mais comme je l’ai dit, la première rencontre personnelle a eu lieu lors du conclave de 1978. Dès le départ, j’ai éprouvé une grande sympathie et, grâce à Dieu, sans l’avoir méritée, j’ai reçu dès le début le don de son amitié. Je suis reconnaissant de cette confiance qu’il m’a accordée, sans que je le mérite. Surtout en le voyant prier, j’ai vu et pas seulement compris, j’ai vu que c’était un homme de Dieu. Telle était l’impression fondamentale: un homme qui vit avec Dieu, et même en Dieu. Ensuite, j’ai été impressionné par sa cordialité sans préjugés vis-à-vis de moi. Au cours de ces rencontres du pré-conclave des cardinaux, il a pris plusieurs fois la parole et, là, j’ai eu l’occasion d’apprécier l’envergure du penseur. Ainsi était née, en toute simplicité, une amitié qui venait vraiment du cœur et, juste après son élection, le Pape m’a appelé plusieurs fois à Rome pour des entretiens et, à la fin, il m’a nommé préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi.

Q: Donc, cette nomination et cette convocation à Rome n’ont pas été une surprise?

R: Pour moi c’était un peu difficile, parce que depuis le début de mon épiscopat à Munich, par la consécration comme évêque dans la cathédrale de la ville, il y avait pour moi comme une obligation, presque un mariage avec ce diocèse, et ils avaient aussi souligné que j’étais, depuis dès décennies, le premier évêque originaire du diocèse. Je me sentais donc très engagé et lié à ce diocèse. Puis il y avait des problèmes difficiles qui n’étaient pas encore résolus, et je ne voulais pas quitter le diocèse avec des problèmes non résolus. J’ai discuté de tout cela avec le Saint Père, avec cette grande ouverture et avec cette confiance qu’avait le Saint Père, qui était très paternel à mon égard. Il m’a alors donné le temps de réfléchir, lui-même voulait réfléchir. Il a fini par me convaincre, parce que c’était la volonté de Dieu. J’ai pu ainsi accepter cet appel et cette grande responsabilité, pas facile, qui en soi dépassait mes capacités. Mais confiant dans la bienveillance paternelle du Pape et guidé par l’Esprit Saint, j’ai pu dire oui.

Q: Cette expérience dura plus de vingt ans...

R: Oui, je suis arrivé en février 1982 et elle a duré jusqu’à la mort du Pape, en 2005.

Q: Quels sont, selon vous, Saint Père, les points les plus significatifs du pontificat de Jean-Paul II?

R: Je dirais que l’on peut adopter deux points de vue: un externe, sur le monde, et un interne, sur l’Eglise. En ce qui concerne le monde, il me semble que le Saint Père, avec ses discours, sa personne, sa présence, sa capacité de convaincre, a créé une nouvelle sensibilité pour les valeurs morales, pour l’importance de la religion dans le monde. Cela a entraîné une nouvelle ouverture, une nouvelle sensibilité pour les problèmes de la religion, pour la nécessité de la dimension religieuse chez l’homme et, par dessus tout, l’importance de l’Evêque de Rome s’est accrue de manière inimaginable. Tous les chrétiens, malgré les différences et malgré leur non reconnaissance du successeur de Saint Pierre, ont reconnu qu’il était le porte parole de la chrétienté. Personne d’autre au monde, ne peut parler ainsi au nom de la chrétienté au niveau mondial ni donner voix et force à la réalité chrétienne dans l’actualité du monde. Mais aussi pour la non-chrétienté et pour les autres religions, c’était lui, le porte parole des grandes valeurs de l’humanité. Il faut aussi dire qu’il est parvenu à créer un climat de dialogue entre les grandes religions et un sens commun des responsabilités à l’égard du monde, mais aussi que les violences et les religions sont incompatibles et que, ensemble, nous devons chercher le chemin de la paix, dans le cadre de notre responsabilité commune de l’humanité. En ce qui concerne par ailleurs la situation de l’Eglise. Je dirais que, avant tout, il a su susciter l’enthousiasme des jeunes pour le Christ. Il s’agit d’une chose nouvelle, si nous pensons à la jeunesse de 1968 et des années 70. Seule une personne aussi charismatique pouvait susciter l’enthousiasme de la jeunesse pour le Christ et pour l’Eglise, ainsi que pour des valeurs exigeantes, lui seul pouvait réussir de cette façon à mobiliser la jeunesse du monde pour la cause de Dieu et pour l’amour du Christ. Il a créé dans l’Eglise, je pense, un nouvel amour pour l’Eucharistie . Nous sommes encore dans l’année de l’Eucharistie, qu’il a voulue avec tant d’amour; il a créé une nouvelle perception de la grandeur de la Divine Miséricorde ; et il a aussi beaucoup approfondi l’amour pour la Sainte Vierge , et il nous a ainsi conduits à une intériorisation de la foi et, en même temps, à une plus grande efficacité. Naturellement, il importe de mentionner également, comme nous le savons tous, sa contribution aux grands changements dans le monde en 1989, à l’effondrement du soi-disant socialisme réel.

Q: Au cours de vos rencontres personnelles et des entretiens avec Jean Paul II, qu’est-ce qui vous impressionnait le plus? Votre Sainteté, pourriez-vous nous raconter vos dernières rencontres avec lui, celles de cette année, peut-être?

R: Oui, nos deux dernières rencontres ont eu lieu, la première, à la polyclinique Gemelli , aux alentours du 5-6 février; et la deuxième, la veille de sa mort, dans sa chambre. Lors de la première rencontre, le Pape souffrait visiblement, mais il était pleinement lucide et très présent. J’y étais allé simplement pour un entretien de travail, parce que j’avais besoin qu’il prenne quelques décisions. Le Saint Père, bien que souffrant, suivait avec grande attention ce que je disais. Il me communiqua ses décisions en peu de mots, me donna sa bénédiction, me salua en allemand, tout en m’accordant sa pleine confiance et son amitié. Pour moi, cela a été très émouvant de voir, d’une part, qu’il souffrait en union avec le Seigneur souffrant, qu’il portait sa souffrance avec le Seigneur et pour le Seigneur; et, d’autre part, de voir qu’ il resplendissait d’une sérénité intérieure et d’une lucidité complète . La seconde rencontre a eu lieu le jour précédant sa mort: il était manifestement plus souffrant, entouré de médecins et d’amis. Il était encore très lucide, il m’a donné sa bénédiction. Il ne pouvait plus parler beaucoup. Pour moi, cette patience dans la souffrance qui fut la sienne a été un grand enseignement; surtout de voir et de sentir combien il était entre les mains de Dieu et comment il s’abandonnait à la volonté de Dieu. Malgré les douleurs visibles, il était serein, parce qu’il était entre les mains de l’Amour Divin.

Q: Très Saint Père, vous évoquez souvent dans vos discours le souvenir de Jean Paul II, et vous dites que c’était un grand Pape, un prédécesseur regretté et vénéré. Nous pensons toujours à vos paroles prononcées lors de la messe du 20 avril dernier, des paroles spécialement dédiées à Jean-Paul II. C’est vous, Saint Père, qui avez dit, je cite: « c’est comme s’il me tenait fortement par la main, je vois ses yeux rieurs et j’entends les paroles, qu’il m’adresse en particulier: ‘N’aie pas peur!’ ». Saint Père, une question très personnelle: continuez-vous à sentir la présence de Jean-Paul II, et si oui, de quelle manière?

R: Certainement, je commence par répondre à la première partie de votre question. En parlant de l’héritage du Pape tout à l’heure, j’ai oublié de parler des nombreux documents qu’il nous a laissés – 14 encycliques, beaucoup de lettres pastorales et tant d’autres – et tout ceci représente un patrimoine richissime qui n’est pas encore suffisamment assimilé dans l’Eglise. Je pense que j’ai pour mission essentielle et personnelle de ne pas promulguer de nombreux nouveaux documents mais de faire en sorte que ces documents soient assimilés, car ils constituent un trésor très riche , ils sont l’authentique interprétation de Vatican II . Nous savons que le Pape était l’homme du Concile, qu’il avait assimilé intérieurement l’esprit et le lettre du Concile et, par ces textes, il nous fait vraiment comprendre ce que voulait et ce que ne voulait pas le Concile. Il nous aide à être véritablement Eglise de notre temps et des temps futurs. A présent, j’en viens à la deuxième partie de votre question. Le Pape est toujours à mes côtés par ses textes: je l’entends et le vois parler, et je peux rester en dialogue continu avec le Saint Père, parce qu’il me parle toujours avec ces mots; je connais également l’origine de beaucoup de textes, et je me souviens des dialogues que nous avons eu sur l’un ou l’autre d’entre eux. Je peux poursuivre le dialogue avec le Saint Père. Naturellement, cette proximité qui passe par les mots est une proximité non seulement avec les textes, mais avec la personne, derrière les textes j’entends le Pape lui-même. Un homme qui va auprès du Seigneur, qui ne s’éloigne pas: de plus en plus je sens qu’un homme qui va auprès du Seigneur se rapproche encore davantage et je sens que, par le Seigneur, il est proche de moi, parce que je suis proche du Seigneur. Je suis proche du Pape et lui, maintenant, m’aide à être près du Seigneur et je cherche à entrer dans son climat de prière, d’amour du Seigneur, d’amour de la Sainte Vierge et je m’en remets à ses prières. Il y a également un dialogue permanent et aussi un « être proches », sous une forme nouvelle, mais une forme très profonde .

 


Arturo Mari, photographe de six papes

Henri Tinc - LE MONDE | 29.05.08

2_150 Il est le photographe le plus jalousé de la planète. Celui d'une star très particulière, le pape, dont il partage, dans ses appartements privés et chacun de ses voyages, l'intimité quotidienne. Il n'ignore aucune de ses habitudes, de ses mimiques, de ses expressions de piété, de bonheur, de fatigue. En complet strict et cravate noirs, Arturo Mari a le physique impassible de celui qui exerce, plus qu'un métier, une mission.

Pas à pas, il suit le pape, le mitraille, fixe sur la pellicule l'instant d'un homme et l'éternité d'un rôle. Derrière son viseur, un seul sujet : l'évêque de Rome, ce souverain absolu, héritier d'une lignée de grands administrateurs, de despotes et de saints.

Arturo Mari prend sa retraite, après avoir été, pendant cinquante et un ans, le photographe officiel de six papes. Il est né à l'ombre de la coupole de Saint-Pierre, à cent mètres de la basilique qui rythme la vie du borgo, ancien faubourg de Rome aux ruelles étroites, débordantes de pèlerins et de touristes. Son grand-père Nicola et son père Orlando étaient déjà des "sanpietrini", ces petits fonctionnaires romains attachés au service du pape. Arturo se souvient que, à 6 ans, il développait avec dévotion ses photos, aidé de son père, dans la chambre noire.

Sa vie bascule à 16 ans quand son père croise le directeur de l'Osservatore Romano qui, intéressé par le goût du jeune homme pour la photo, le convoque. "J'y suis entré le vendredi 9 mars 1956 à 11 heures, dit Arturo. Je n'en suis jamais sorti." Il consent à sourire quand on lui demande le nombre de clichés qu'il aura pris. Cinq millions, lance-t-il au hasard, dans son laboratoire près de la porte Sainte-Anne, tapissé de centaines de planches-contacts, de tirages et d'écrans.

Dans ces collections se déroule l'histoire de plus d'un demi-siècle d'Eglise. Pie XII, ce pape d'un autre âge perché sur sa sedia gestatoria, au pied duquel s'agenouillent ses proches avant de lui adresser la parole. Puis le "bon" Jean XXIII (1958-1963) que Mari photographie à la prison Regina Coeli et dans des hôpitaux romains. Le protocole s'assouplit, les portes s'ouvrent, le concile Vatican II débute. Icône du ciel, le pape descend sur terre : "Les gens commencent à le voir, à le toucher, à le suivre", commente Mari.

Il fait partie du premier voyage d'un pape à l'étranger (à l'époque moderne), celui de Paul VI (1963-1978) en Terre sainte en janvier 1964. A Jérusalem, il immortalise l'accolade échangée avec le patriarche Athenagoras de Constantinople. Des siècles d'anathèmes et d'excommunication s'effondrent entre la chrétienté d'Occident et celle d'Orient. De Paul VI, dont Mari loue la finesse, on dira qu'il est "Hamlet" au Vatican. Le photographe fixe sur la pellicule les souffrances intérieures, mais aussi physiques de ce pape, crucifié à la fin de sa vie par les douleurs de l'arthrose.

Jean Paul Ier lui succède à l'été 1978 : un règne de trente-trois jours, bref comme l'éclair. C'est Mari qui crée la légende du "pape au sourire". Non préparé à sa fonction, "pauvre Pierrot déguisé en prince", le pape "blague" avec son photographe. Le cliché de sa silhouette blanche déambulant, au soleil couchant, entre les allées de pins du Vatican fait le tour du monde.

Mais c'est avec Jean Paul II (1978-2005) qu'il arrive au sommet de son art. Il ne manquera aucun de ses 104 voyages à l'étranger ni de ses 600 déplacements en Italie. Dès 6 h 15, à l'heure de la messe dans la chapelle du pape, le photographe est là, immortalisant les témoins privilégiés de ce premier acte de la journée. Il le suit dans les audiences, les déjeuners, les cérémonies, les promenades. Stakhanoviste de la photo, Mari ne s'accorde que cinq jours de congé par an, quand le pape fait ses exercices de Carême, et il ne se souvient que d'un jour de congé maladie.

4_200La presse internationale reprend ses photos, devenues un immense album illustrant, vingt-six ans durant, la saga Jean Paul II. Dont celles qui lui sont le plus chères : le jour de son intronisation, Jean Paul II relève le cardinal Wyszinski, primat de Pologne, agenouillé devant lui. Lors de son premier voyage au Mexique (1979), une petite fille lui offre une poupée de chiffon. Il le filme en Afrique portant dans ses bras une petite victime du sida. Le jour de l'attentat du 13 mai 1981, place Saint-Pierre, il appuie sur le déclencheur "dans un moment d'inconscience totale". Pour la première fois, il hésite à vendre ses clichés et ne se décide à le faire que la nuit, devant les photos floues dont une agence privée inonde le marché. Mari sera le seul photographe autorisé à voir le pape lors de ses hospitalisations à la clinique Gemelli.

Il se souvient d'Ayacucho au Pérou, quand Jean Paul II traverse une forêt peuplée de guérilleros du Sentier lumineux. Le pape fait arrêter la voiture, se saisit d'un mégaphone et crie à qui veut l'entendre : "Messieurs, je suis là. Je viens en homme de paix. Je parle au nom d'innocents, pères, mères, enfants que vous avez tués. Vous êtes des assassins. Rappelez-vous qu'un jour vous aurez des comptes à rendre à Dieu." A Pusan, en Corée du Sud (1984), Jean Paul II rétablit une visite, retirée par le protocole, à une île abritant des lépreux et là, se souvient Arturo Mari, "je l'ai vu se mettre à caresser, à embrasser, à bénir, un à un, quelque 800 lépreux".

Avec un tel sujet, le photographe perd toute objectivité. Il est dans la légende, la confidence, l'amitié. Le pape fait partie de sa famille. Chaque jour, Jean Paul II lui demande des nouvelles de sa femme, Corinna, une Equatorienne, de son fils Juan Carlos, qui sera ordonné prêtre par Benoît XVI. Mari est présent lors de l'historique rencontre avec Gorbatchev au lendemain de la chute du Mur. Voyeur malgré lui, il est témoin de l'amitié stupéfiante qui naît entre les deux hommes. Il égrène les souvenirs de Raïssa Gorbatchev, "tremblante d'émotion" devant le pape, puis les appels de l'ex-numéro un soviétique, demandant à Jean Paul II de prier pour sa femme en train de mourir.

mari_4Le photographe du Vatican peut-il tout filmer ? "J'ai parfois hésité, mais mon devoir est de transmettre et cela restera, pour moi, un honneur d'avoir transmis au monde, à travers mes photos, quelque chose de la mission du pape." Mari s'est toujours senti libre, éprouvant seulement une répugnance à le photographier en train de prier : "Mon travail s'arrêtait quand le pape se mettait en prière. Pas question pour moi de gêner sa rencontre avec Dieu." Le 2 avril 2005, à l'appel de Don Stanislas, secrétaire de Jean Paul II, Arturo s'avance, pour la première fois sans appareils, dans les appartements du pape en train de mourir. Celui-ci caresse sa main et lui souffle un "Grazie, Arturo, grazie." "J'ai alors compris qu'il partait pour son plus long voyage", dit le photographe. Benoît XVI lui a renouvelé sa confiance, mais Mari a rangé ses objectifs et formé un successeur. La relève est assurée.

 


Témoignage de Mgr Konrad Krajewski cérémoniaire du Pape Jean-Paul II

vegliaJ’ai personnellement connu Jean-Paul II en 1998, l’année où j’ai commencé à travailler au Bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife.

Lorsque venait mon tour de l’assister pendant les célébrations, avec le Maître des célébrations, Mgr Piero Marini, je demeurais toujours frappé par ce qui avait lieu dans la sacristie avant et après la célébration. Lorsque le Pape venait de la sacristie et que nous nous retrouvions seuls tous les deux, il se mettait à genoux ou, pendant les dernières années du pontificat, il demeurait sur sa chaise et il priait en silence. Cette prière durait dix, quinze voire vingt minutes et parfois même davantage au cours des voyages apostoliques. Il semblait que le Souverain Pontife n’était plus présent parmi nous. Lorsque le moment de prière semblait durer trop longtemps, Mgr Stanilaw Dziwisz entrait, en tentant de suggérer au Pape de se préparer ; souvent le pape ne répondait pas à cet appel. A un moment donné, il levait la main droite, et nous nous approchions pour commencer à l’habiller dans un silence complet. Je suis convaincu que Jean-Paul II, avant de s’adresser aux personnes s’adressait – ou plutôt parlait – à Dieu. Avant de le représenter, il demandait à Dieu de pouvoir être son image vivante devant les hommes. Il en était de même après la célébration : à peine avait-il ôté les habits liturgiques qu’il s’agenouillait dans la sacristie, et priait. J’avais toujours cette même impression : qu’il n’était pas présent parmi nous.

Quelquefois, pendant les voyages, son secrétaire entrait et, l’effleurant avec délicatesse, il l’exhortait à sortir de la sacristie, parce que les personnes l’attendaient pour le saluer (présidents, maires, autorités…), mais le Pape ne réagissait presque jamais : il demeurait toujours profondément en prière et à nouveau, à un certain moment, il se levait seul, ou il nous faisait un signe pour être aidé. Ces moments de prière, avant et après l’action liturgique, me frappaient toujours profondément. Lorsque je l’assistais, que je posais la mitre, lui pasais le mouchoir, j’étais assuré de toucher une personne non seulement extraordinaire, mais véritablement sainte.

Dans les dernières années du pontificat, j’étais cérémoniaire du saint-père de manière stable : je suivais toutes les célébrations auprès du pape, je voyais sa souffrance et ses difficultés dans chaque mouvement. Un jour, alors qu’il était malade, au cours d’une célébration sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, en me penchant vers lui, je me permis de lui dire : « Votre Sainteté, puis-je faire quelque chose pour vous aider ? peut-être quelque chose vous fait-il mal ? ». Il m’a répondu : « Désormais tout me fait mal, mais il faut qu’il en soit ainsi… ». J’étais certain et profondément convaincu que j’assistais et que je touchais une personne sainte.

Je me sentais tellement indigne d’être à côté de cet homme et de le servir, qu’au cours des dernières années du pontificat, avant chaque célébration, j’allais me confesser, même si nous avions deux ou trois célébrations par semaine. Je faisais un peu enrager les confesseurs de la basilique Saint-Pierre, mais je ressentais profondément le besoin d’être totalement « lavé » lorsque je m’approchais du Pape. Après tant d’années de service, et douze voyages à l’étranger, je suis parvenu à cette conclusion : les millions de personnes qui participaient aux célébrations liturgiques présidées par le Pape accouraient pour rencontrer Jésus, qui était représenté par Jean-Paul II, et présent véritablement en lui, dans sa parole prêchée, dans ses gestes, et dans ses attitudes liturgiques et mystiques. C’est pour cette raison que les personnes pleuraient. Elles disaient : « Il n’a parlé qu’à moi, c’est moi qu’il a regardé, il a changé ma vie… ». Comment était-ce possible lorsque quelqu’un pendant la célébration était séparé du Pape par des centaines de mètres, voire des kilomètres, comme c’était le cas pendant les voyages ? Comment cette personne pouvait-elle dire : « Il m’a vu », « Il m’a parlé » ?

Personnellement, je dois moi aussi témoigner que ma vie sacerdotale a totalement changé lorsque j’ai commencé à travailler aux côtés de Jean-Paul II. Je voudrais encore souligner certains moments très significatifs, qui m’ont profondément frappé au cours de la dernière célébration de la Fête Dieu présidée par le Pape.

en_priere2Désormais, le Pape ne marchait plus. Le Maître des célébrations liturgiques et moi-même l’avions placé avec son fauteuil sur la plate-forme de la voiture aménagée spécialement pour la procession : devant le Pape sur le prie-Dieu était placé l’ostensoir avec le Très Saint Sacrement. Au cours de la procession, le Pape s’est adressé à moi en polonais, en me demandant de pouvoir s’agenouiller. J’étais très embarrassé par cette demande, parce que physiquement, le Pape n’était pas en mesure de le faire. Avec une grande délicatesse, je lui ai fait part de l’impossibilité de s’agenouiller, car la voiture oscillait pendant le parcours, et il aurait été très dangereux de faire un geste de ce type. Le Pape a répondu avec son célèbre doux « murmure ». Un peu plus tard, à la hauteur de l’Université pontificale « Antonianum », il a de nouveau répété « Je veux m’agenouiller ! », et moi, avec beaucoup de difficulté à devoir renouveller un refus, je lui ai suggéré qu’il aurait été plus prudent d’essayer de le faire à proximité de Sainte-Marie-Majeure ; et j’ai a nouveau entendu ce « murmure ». Toutefois, après quelques instants, arrivés à la maison des pères rédemptoristes, il s’est exclamé avec détermination, et presque en criant, en polonais : « Jésus est ici ! S’il vous plait… ». Il n’était plus possible de le contredire. Mgr Marini a été témoin de ces moments. Nos regards se sont croisés et, sans rien dire, nous avons commencé à l’aider à s’agenouiller. Nous l’avons fait avec une grande difficulté, et nous l’avons presque porté sur le prie-Dieu. Le Pape s’aggripait au bord du prie-Dieu et tentait de se retenir, mais ses genoux cédaient sous lui, et nous avons dû le remettre immédiatement sur le fauteuil, avec des difficultés qui n’étaient pas seulement physiques, mais dues également à la gêne des parements liturgiques.

Nous avions assisté à un grande démonstration de foi : même si le corps ne répondait plus à l’appel intérieur, la volonté demeurait ferme et forte. Le Pape avait montré, malgré sa grande souffrance, la force intérieure de la foi, qui voulait se manifester à travers le geste de s’agenouiller. Nos suggestions de ne pas faire ce geste n’avaient aucune valeur. Le Pape a toujours estimé que, devant le Christ présent dans le Saint Sacrement, il faut être très humble et exprimer cette humilité à travers le geste physique.

visage2Enfin, je veux souligner que, à travers mon simple service au Souverain Pontife, moi aussi je suis devenu meilleur, comme homme et comme prêtre. Il nous a enseigné que « le véritable ami est celui grâce auquel je deviens meilleur » alors, je peux dire, que d’après cette définition, Jean-Paul II était mon véritable ami.

A travers son témoignage, je me suis approché encore davantage de ce Dieu, que Jean-Paul II représentait. J’ai pu voir comment, au cours de sa vie, il se consacrait et s’abandonnait totalement à Dieu, à l’occasion des célébrations liturgiques, et c’est dans cet état de don qu’il s’est éteint.

Lorsqu’il est mort, je marchais dans les loges du Vatican, en exerçant la fonction de Cérémoniaire pontifical et je pleurais. Peut-être pour la première fois de ma vie d’adulte, je n’avais pas honte de mes larmes. Toutefois, c’étaient des larmes pour moi-même : parce que je ne suis pas comme lui, je ne suis pas un prêtre saint, parce que je ne me suis pas donné pleinement au Seigneur, parce que je ne suis pas totus tuus…

Je ne me souviens pas parfaitement de ce que je pensais en portant l’évangéliaire devant le cercueil très simple de Jean-Paul II. Je voulais seulement le porter avec dignité, comme l’on porte le livre le plus important de sa vie : le livre de la vie de Jean-Paul II.

Ce livre, je l’ai déposé avec Mgr Marini sur le cercueil, et je ressentais combien j’étais indigne de ce geste. Je me sentais tellement petit et tellement pécheur… Je priais le Seigneur de pouvoir porter le livre de l’Evangile dans ma vie, comme l’avait porté Jean-Paul II. Et de ne jamais le refermer.

evangeliaireDepuis que Jean-Paul II est retourné dans la maison du Père, je vais chaque jour confesser dans l’église « Santo Spirito in Sassia »à 15h. l’« heure de la miséricorde » au cours de laquelle un très grand nombre de personnes chantent le chapelet de la miséricorde et suivent le Via Crucis. Il m’est arrivé plusieurs fois de suggérer à différentes personnes d’aller sur la tombe du serviteur de Dieu Jean-Paul II pour prier. Parce qu’il se dépassait lui-même, il dépassait son propre corps, ses propres souffrances. Lorsqu’il apparaisait à la fenêtre, et qu’il avait désormais cessé de parler, nous savions tous ce qu’il aurait voulu dire. Lorsqu’il levait la main avec difficulté, nous faisions immédiatement le signe de croix, parce qu’il nous bénissait toujours. Alors que je finissais de prononcer ces paroles, beaucoup me répondaient : « Mais je viens précisément des Grottes vaticanes, de la tombe de Jean-Paul II et c’est pour cela que je me confesse. Je ne savais même pas qu’à cette heure-là on pouvait se confesser».

Mgr Konrad Krajewski

 


Souvenirs et confidences de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap

mgrdifalcoParler du Pape Jean-Paul II sans tomber dans les banalités est un risque que j’accepte de prendre avec appréhension. Tant de souvenirs, d’images se précipitent en ma mémoire que je ne sais lesquels vous faire partager. La première est celle de ce jeune et nouveau pape qui, le jour de son intronisation, à la grande surprise des services de sécurité et du protocole, s’est avancé vers la foule pour témoigner de son désir de proximité. Désir qui se concrétisera au cours de ses nombreux voyages tel un saint Paul des temps modernes visitant les communautés chrétiennes dans le monde. C’est ce pape qui n’hésite pas à se montrer en tenue de ski ou de montagnard, c’est ce pape robuste qui s’effondre lors de l’attentat dont il fut victime. C’est ce pape qui, pour la première fois dans l’histoire de l’église, demande pardon pour les fautes passées. On oublie sa visite au Maroc où il rejoint des milliers de jeunes musulmans rassemblés dans un stade qui lui font une véritable ovation lorsqu’il se présente à eux tenant la main du roi Hassan II. C’est ce vieux pape soutenu par des rabbins qui prie devant le mur des lamentations et glisse entre les pierres des lamentations et glisse entre les pierres le petit billet sur lequel figure sa prière.

Mais j’arrête là pour évoquer des souvenirs plus personnels. J’ai eu le privilège d’être reçu plusieurs fois à la table de Jean-Paul II. Lors des synodes romains qui rassemblent des cardinaux et évêques du monde entier, il y a toujours cinq porte-parole pour rendre compte des travaux aux journalistes, un germanophone, un italophone, un hispanophone, un anglophone et un francophone. J’étais l’un d’eux pour les journalistes français. Pour nous remercier, à la fin du synode le pape nous recevait pour un dîner.

Quelle agréable surprise que de découvrir sa modestie, sa simplicité, son sens de l’écoute, s’adressant à chacun d’entre nous dans notre langue maternelle, nous questionnant sur la vie de l’Eglise dans nos pays respectifs. Quelques jours avant l’un de ces repas, un journaliste satirique avait fait une caricature sur laquelle de retrouvaient le pape mais aussi les cardinaux français et d’autres ecclésiastiques. Je l’avais montrée à mes confrères qui en voulaient une photocopie. Au cours du repas l’un d’entre eux me pousse du coude, me glisse la photocopie et me dit discrètement : « montre-la au pape. » Ce petit manège n’avait pas échappé au pape qui demande à voir. Que faire ? Comment le lui refuser ? Nous étions comme des enfants pris en flagrant délit de caricaturer leur professeur. Je n’avais pas le choix, je lui montre, le pape la prend, puis de son doigt, nomme avec sa voix grave ceux qu’il reconnaît, « Lustigier, Decourtray, l’abbé Pierre », se tourne vers moi et pointant toujours du doigt le dessin « mais c’est vous ça ! » Puis il pose le doigt sur sa caricature et dit : « C’est bien, c’est bien, si le pape fait rire, c’est qu’il donne du bonheur. » Je n’étais pas très fier !

Je le revois encore se rasseyant à la table de la salle à manger alors que nous allions nous séparer pour écrire une phrase sur le bréviaire de l’un d’entre nous.

Si j’ai choisi ces anecdotes, c’est pour nous faire oublier un instant la peine qui est la nôtre.

Porte-parole de la Conférence des Evêques de France, j’ai eu à le rencontrer dans des circonstances plus graves lorsque j’ai accompagné le président et le vice-président de le conférence des Evêques de France pour aller plaider la cause de Monseigneur Gaillot. L’entretien a duré près d’une heure. Le pape a écouté avec une grande bonté ce que le président de la Conférence souhaitait lui dire. Lorsque le pape à son tour a parlé, pas la moindre dureté dans ces propos, pas le moindre semblant d’agressivité, de la peine certainement… A la fin de l’entretien lors duquel le secrétaire général et moi nous étions contentés d’écouter, le pape a pointé son doigt vers nous et nous a dit : « pendant que nous parlions, j’ai vu les secrétaires sourire, je crois qu’ils sont pour le Pape ! »

jmdifalcoLa dernière rencontre en tête à tête, c’est il y a quelques mois, lors de la dernière visite ad limina, cette visite que font les évêques à Rome tous les cinq ans pour rendre compte de leur mission. Le pape était déjà bien fatigué. Il m’a demandé de lui parler du diocèse de Gap où je venais d’arriver, mais aussi de la famille et des vocations, deux sujets qui le préoccupaient particulièrement. Lorsque j’ai présenté le diocèse, j’ai parlé du tourisme et du ski. Et là j’ai vu briller son regard : « Ah le ski, le ski » m’a-t-il dit presque avec émotion tant cela devait évoquer de souvenirs personnels.

Je revois aussi la joie du jeune Victor-Emmanuel gravement malade, devenant aveugle. Il avait confié à une association son rêve : rencontrer le pape. L’association m’avait demandé de tenter de lui permettre de réaliser ce rêve. Je me souviens de la surprise de mon assistante croyant à un canular en me disant : « le secrétaire particulier de Jean-Paul II voudrait vous parler ». Ce n’était pas un canular mais la réponse que Victor-Emmanuel attendait avec impatience, Jean-Paul II acceptait de le recevoir !

Et puis il y a eu aussi les célébrations dans la chapelle privée tôt le matin. Ce moment où l’on entrait dans la chapelle avec émotion, reconnaissant le pape de dos, déjà en prière depuis longtemps. Les rencontres lors des voyages en France, de la journée de la jeunesse à Paris, à Rome et tant d’autres.
Dans ces quelques lignes, j’ai tenté de vous présenter un visage du pape dans l’intimité, j’allais dire dans la simplicité de son humanité. Tout au long de ces journées, des rétrospectives dans les médias nous feront revivre l’extraordinaire action qui aura été la sienne tant sur le plan pastoral et spirituel que politique, au sens noble du terme. Qui pourrait nier le rôle qui fut le sien dans la fin des régimes communistes et la destruction du mur de Berlin ? Et le rassemblement à Assise de tous les grands chefs religieux. Son dernier pèlerinage à Fatima où je représentais, les évêques de France. Les évènements et les images pourraient défiler ainsi sans fin.

Un ami professeur de médecine, protestant et d’origine juive me disait ces jours derniers : « Moi médecin je sais ce que sont les souffrances actuelles du pape. C’est un martyr et ce martyr fera grandir l’Eglise ».

Puissions-nous être dignes de ce martyr en vivant notre foi unis et en communion.

Quant à moi, puis-je faire cette confidence ? Je me sens comme orphelin. Ma mère vit dans la paix de Dieu depuis ce mois d’août. Avec le départ de Jean-Paul II c’est comme un père que j’ai perdu. Ma mère rêvait de le rencontrer, depuis ce samedi 2 avril, son rêve est devenu réalité, ils vivent, avec tous ceux que nous avons aimés et qui nous ont quittés dans la plénitude infinie de l’Amour.

 

(Source : www.diocesedegap.com)

 


 

Un souvenir de l’évêque de l’Eglise patriotique de Shanghaï

L’évêque de l’Eglise patriotique de Shangaï, Mgr Aloysius Jin Luxian (né en 1921), grand témoin de son siècle , homme de foi et de conviction à la forte personnalité, évoque le pape Jean-Paul II

Mgr JinLa nouvelle de la mort du Saint Père m’a laissé dans la douleur et dans le deuil. Je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer personnellement, mais je sais qu’il me connaissait et qu’il s’est intéressé à ma personne. Il m’a fait dire qu’il m’était proche par la prière, particulièrement dans ces derniers mois au cours desquels j’ai souffert de graves problèmes de santé. Un archevêque de Lyon, mon ami le cardinal Albert Decourtray qui est mort en 1994, m’a dit qu’une fois, au cours d’un entretien, le Saint Père lui avait demandé des nouvelles de son «ami chinois» et qu’après avoir appris que mes conditions étaient bonnes, le Pape lui avait recommandé de cultiver cette amitié parce qu’elle était précieuse. Je lui en suis très reconnaissant.

Lorsque je suis allé en Europe, il m’est arrivé de recevoir la visite de cardinaux ou d’archevêques venus de Rome, envoyés par le Saint Père pour m’apporter ses salutations. J’ai toujours prié ces amis évêques de les lui rendre et de lui exprimer mon amour pour lui, et ils m’ont assuré qu’ils l’avaient fait.

Je sais qu’une fois, le Pape a demandé pourquoi, alors que j’allais visiter différents pays d’Europe, je ne saisissais pas l’occasion pour aller à Rome le rencontrer. Cette attention pour moi et sa mort font que je suis affligé plus que tous les catholiques chinois.

Nous autres, catholiques chinois, nous avons toujours eu un grand respect et un grand amour pour cet infatigable pasteur qui a guidé et soutenu son troupeau pendant ces longues années de pontificat. Il est allé trouver ses “brebis” aux extrémités du monde; il a visité plus de cent pays, en parcourant presque un million deux cent mille kilomètres; jamais un pape n’avait tellement voyagé! Et il nous a livré son enseignement non seulement dans d’innombrables discours, mais aussi dans quatorze encycliques et quarante-quatre lettres apostoliques. Jamais un pape n’a laissé autant de documents!

C’est un pape qui a eu le courage de demander officiellement pardon pour les erreurs commises au cours des siècles par l’église vis-à-vis de l’humanité, y compris du peuple chinois. Il aurait beaucoup voulu venir en Chine et c’est vraiment dommage que cela n’ait pas été possible.

Maintenant, au paradis, il reçoit du Seigneur la joie et la paix réservées aux serviteurs fidèles.

Je prie et je souhaite que l’Esprit Saint illumine les cardinaux qui se réuniront dans le prochain conclave pour élire son successeur et que le nouveau pape puisse un jour venir parmi nous, accueilli par tous comme père et comme pasteur.

(Source : 30 jours dans l’Eglise et dans le monde)


Dans l'intimité de Jean-Paul II

Caroline Pigozzi est grand reporter à Paris Match. Elle a obtenu le prix Mumm pour ses reportages sur Karol Wojtyla (éditions Nil). Elle a écrit deux livres sur Jean-Paul II : Le Pape en privé et Jean-Paul II intime.

Il y a cinq ans, Caroline Pigozzi, l'auteur du livre "Le Pape en privé" se lance un défi : entrer avec un photographe dans les appartements privés du Pape, le rencontrer, l'interroger. Avec patience et obstination, la journaliste force la porte de bronze du plus petit état du monde et tisse des liens de confiance, respectueux et joyeux, avec l'homme le plus médiatisé, le plus secret et le plus protégé de la planète.

Comment vivait Jean-Paul II ? à quoi ressemblaient ses journées, qui sont ses visiteurs, ses amis ? Il a transformé la vie quotidienne au Vatican comme il a bouleversé les rapports traditionnels établis par ses prédécesseurs entre lui et les catholiques, lui et les chefs d'état, lui et la télévision. Une fois franchi le barrage que constitue le cercle des Polonais, garde rapprochée du souverain pontife, Caroline Pigozzi a parlé avec ses conseillers, elle est montée dans tous les avions quand le Pape partait conquérir les foules. Elle a rencontré les hommes qui veillent sur sa fragile santé, elle s'est rendue en Pologne voir ses amis du temps du séminaire et dans les chalets de montagne où, l'été, il aime pique-niquer. Rien n'a échappé à l'œil sagace de Caroline Pigozzi. C'est pourquoi le lecteur est de plain-pied là où il n'est jamais allé : dans l'intimité de Jean-Paul II.

« Très Saint-Père, demanda au pape Luigi Accattoli, du Corriere della Sera, suivrez-vous demain en direct à la télévision le match de football Pologne-Italie ?

- J'espère bien que je ne manquerai pas cette retransmission, s'exclama le pape Jean-Paul II, et que mes compatriotes gagneront. »

Jean-Paul II 1980Cet échange de propos avait lieu le 14 juin 1982 dans l'avion des Aerolinas Argentinas qui ramenait Jean-Paul II et sa suite de Buenos Aires à Rome. Le pape regarda la partita (il était tout heureux que la Pologne et l'Italie aient fait match nul ; c'était un match de Coupe du monde) avec monseigneur Stanislaw Dziwisz, son secrétaire particulier, dans le bureau-bibliothèque aux tentures beiges des appartements pontificaux, sa « petite Pologne », comme l'appellent avec agacement les prélats italiens.

Dès son arrivée au Vatican, Karol Wojtyla a en effet créé autour de lui un premier cercle intime presque exclusivement polonais en rupture complète avec la tradition des papes italiens. Dans son appartement privé, au troisième étage du palais apostolique, il a choisi de vivre entouré de six anges gardiens, tous polonais : le fidèle monseigneur Stanislaw Dziwisz, dont, au bout de vingt-deux ans, personne ne réussit encore au Saint-Siège à prononcer ou à écrire correctement le nom, ainsi que cinq religieuses de la congrégation des Servantes du Sacré-Cœur de Jésus. Elles sont vêtues de blanc lorsqu'elles font office d'infirmières pendant les voyages du pape ou, sinon, de noir avec un petit col blanc et un cœur ardent rouge brodé sur la poitrine. Elles ont aussi une croix en argent et ébène, une alliance en argent, un chapelet noir sur le côté gauche, une ceinture blanche en corde nouée sur la droite. Elles portent un voile noir avec coiffe blanche et des sandales noires. L'ordre des Servantes du Sacré-Cœur de Jésus, fondé en Pologne en 1894, qui s'occupe des jeunes filles en difficulté et des nécessiteux, compte six cents religieuses dans le monde entre Cracovie, l'Italie, la France, la Bolivie, la Libye et les états-Unis. Lorsqu'il était archevêque de Cracovie, la ville aux cent églises que l'on appelle en Pologne la « petite Rome », Karol Wojtyla avait déjà ces religieuses auprès de lui. Il a tenu à les emmener à Rome. C'est ainsi que sœur Tobiana, la supérieure et son infirmière-médecin, sœur Germana, sœur Fernanda, sœur Matylda et sœur Eufrosyna sont en permanence à son service au Vatican. Elles s'occupent du secrétariat, des courses, de la lingerie, de la cuisine, de l'infirmerie.

1986Elles entendent protéger le plus possible le Saint-Père du monde extérieur. « Pour elles, dit le cardinal Poupard, l'étranger non identifié est une personne suspecte non apprivoisée. » J'en ai fait l'expérience lorsqu'un matin, invitée par monseigneur Dziwisz à remettre en mains propres au souverain pontife, dès 8 heures, une copie de mon journal qui lui était largement consacré, j'ai pu mesurer, dès qu'elles m'ont vue, la nervosité des sœurs. Elles me dévisageaient, le regard en dessous. Visiblement, elles se demandaient : « Qui est celle-là ? Que vient-elle faire ici ? » Elles se consultaient les unes les autres du coin de l'œil, perplexes et inquiètes.

Ces cinq femmes forment autour du pape un petit bastion polonais, à mi-chemin entre une garde rapprochée et une communauté religieuse. Jean-Paul II est heureux de parler polonais avec elles et de ne pas rester trop longtemps seul pendant ses moments d'intimité. à la différence de ses prédécesseurs italiens, Jean-Paul II a refusé de vivre isolé, de prendre ses repas en solitaire - son secrétaire lui faisant la lecture - et de ne rencontrer de gens que dans le cadre des audiences officielles.

Ce pape venu de l'Est, premier pontife non italien depuis le Flamand Adrien VI, en 1522, tient, le soir, à se retrouver dans son environnement familier. Une réconfortante détente après de longues et harassantes journées où ce polyglotte s'exprime en italien mais aussi l'anglais, l'allemand et le français. En italien, en français et en allemand, il pense directement. Quand il possède une langue, ce n'est pas, comme il me l'a expliqué lui-même, seulement phonétiquement mais grammaticalement, et dans ses nuances. Cependant, en anglais, il a moins d'aisance et cherche parfois le mot exact. Le pape peut aussi écrire sans fautes dans ces mêmes langues, auxquelles s'ajoute le latin. L'un de ses grands amis polonais, le cardinal Deskur, précise que, sans les parler parfaitement, il maîtrise également toutes les langues slaves et a autant d'oreille que les Beatles !

Il y a trois raisons profondes à la création par Jean-Paul II de ce petit cercle polonais :

- Il ne veut pas perdre sa « plénitude », comme disent, moitié attendries, moitié persifleuses, les langues agiles de la curie.

- Depuis qu'il a vu disparaître à neuf ans sa mère Emilia, emportée par une maladie des reins, puis, à douze ans, son frère Edmund, médecin, d'une scarlatine contractée en soignant ses malades et, à vingt ans, son père et ultime soutien familial, le lieutenant Wojtyla, officier d'état-major à la retraite, qu'il a trouvé inanimé un soir dans son lit, le Saint-Père éprouve un grand vide affectif que ses amis polonais l'aident à remplir.

- Enfin, c'est une manière, dans son existence personnelle, de se tenir un peu à l'écart de la curie romaine et de ses coteries. Ces cardinaux italianissimes et friands de bons mots sont peu indulgents envers ce Slave robuste à la large carrure, aux yeux rieurs et aux pommettes hautes, si différent d'eux physiquement.

colpapaGrâce à son cercle polonais, il est entouré de gens qui le comprennent à demi-mot. Au fil des ans, ils sont devenus sa famille de cœur. S'il n'avait pas réuni autour de lui des proches, le Saint-Père aurait risqué de connaître une grande solitude. Dans ces lieux chargés d'histoire, Pie VI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier étaient pour la plupart très entourés, de frères, de sœurs, de cousins et neveux aussi nombreux qu'envahissants. à certains d'entre eux, les papes distribuaient même généreusement des titres nobiliaires.

L'homme le plus proche du pape, monseigneur Stanislaw Dziwisz, est plus menu que lui, il a le front dégagé et un regard pétillant de vivacité. Il est sans cesse auprès de lui et assiste à chacun de ses repas. Il habite au Vatican, au quatrième étage dans un petit appartement qui comprend un cabinet de travail et une chambre, et rejoint par un escalier en colimaçon le pape dès son lever. Il est aussi à ses côtés quand il va prier et méditer dans sa chapelle privée. Un rapport quasi paternel et filial s'est, en trente-quatre ans, établi entre Wojtyla et Dziwisz. « Tu as partagé avec moi les difficultés, les anxiétés et les espérances. Sois aujourd'hui dans la joie à mes côtés », a proclamé Jean-Paul II le 7 février 1998 en le nommant évêque titulaire de San Leone, en Calabre.

La promotion épiscopale de ce secrétaire particulier du pape a été une véritable surprise au Saint-Siège. C'était un geste exceptionnel dans l'histoire de la papauté moderne. Monseigneur Dziwisz porte désormais la ceinture violette. Cette nomination de poids est une récompense bien méritée après un quart de siècle d'une infaillible disponibilité à l'égard du Saint-Père.

 Monseigneur Stanislaw, qui n'a d'autre ambition que celle de servir le pape, est le seul personnage avec lequel Jean-Paul II dîne et regarde de temps à autre la télévision. Il est l'homme qui a partagé les moments les plus sacrés et les plus difficiles de son existence. Son pire souvenir est bien sûr celui du mercredi maudit, le 13 mai 1981, place Saint-Pierre, où il était placé juste derrière Karol Wojtyla à l'arrière de la Toyota blanche.

Il eut le sang-froid et la présence d'esprit de guider le chauffeur de l'ambulance, dont la sirène et le gyrophare, qu'on n'avait jamais eu l'occasion de les tester, étaient en panne, à travers les ruelles de Rome en bravant les sens interdits pour gagner les minutes précieuses qui, sans doute, sauvèrent le pape de la mort. Même s'il n'en fait jamais état, préférant évoquer la main providentielle de la Vierge de Fatima, Jean-Paul II le sait. Le Saint-Père se sent quotidiennement rassuré et protégé par sa présence aussi attentive qu'apaisante. Il s'est instauré entre eux une extraordinaire complicité, malicieuse à ses heures. Monseigneur Stanislaw pratique aussi l'humour. Je l'ai entendu commenter à Jean-Paul II les attitudes empruntées de certains de ses visiteurs. Ainsi ai-je, à plusieurs reprises, vu le pape rire de bon cœur aux remarques pertinentes et drôles de son précieux collaborateur. Dziwisz, qui accompagne Jean-Paul II dans chacun de ses déplacements, y compris dans la papamobile, voit absolument tout.

Lorsque, au petit matin, sous le vitrail lumineux de sa chapelle privée, Jean-Paul II se recueille et médite longuement devant l'autel, monseigneur Dziwisz place sur son prie-Dieu une petite pochette de cuir noir qui contient une quarantaine de billets portant les noms de gens qui ont écrit au Saint-Père pour lui demander de prier pour eux. La liste est renouvelée deux fois par semaine. Monseigneur Dziwisz veille là, comme en toute circonstance, à ce que le pape ne trébuche pas, et reste prêt à le soutenir. Il se tient silencieusement à ses côtés, telle son ombre, partageant ces premiers longs moments de prière où le pape puise de la force pour une journée, avant de le seconder dans ses rencontres officieuses ou officielles et dans ses travaux de la matinée. Toujours attentif à passer au souverain pontife le discours qu'il doit lire, lui suggérant au passage, d'un rapide geste codé, un fidèle à saluer, un temps d'arrêt à marquer, une personne à bénir. Ce détail est très important : le lendemain de son élection, allant voir son ami le cardinal Deskur à la polyclinique Gemelli, le nouveau pape avait oublié de bénir le personnel hospitalier. Il fut rappelé à l'ordre par le chef du protocole.

« Il m'apprenait à faire le pape ! » se souvient en souriant Jean-Paul II.

Monseigneur Dziwisz a l'art de n'être jamais envahissant ni devant les caméras ni dans le voisinage du souverain pontife où se bousculent parfois d'importants et obséquieux prélats. Au Vatican, il n'y a qu'une star : le pape. Peu importe à son secrétaire particulier de ne pas être sur le devant de la scène dans la mesure où il contrôle les ressorts de la vie de Jean-Paul II en dehors des structures institutionnelles. Il n'a pas les clés de saint Pierre mais il a tous les passes. Rien n'est possible sans lui. Il lui est facile d'invoquer la fatigue du Saint-Père pour écarter un rendez-vous ou remettre la visite d'une personnalité à une date indéterminée. Il devine, en effet, si elle l'importune ou risque de le lasser.

salut1Autour de monseigneur Dziwisz s'articule l'importante colonie polonaise de la Ville éternelle. Une poignée de proches qui sont à des postes stratégiques : le père Adam Boniecki, ancien directeur de l'édition polonaise de L'Osservatore Romano, l'organe officiel du Vatican (on a fait, après l'élection de Karol Wojtyla, cette édition polonaise qui, contrairement à la version italienne, ne paraît qu'une fois par semaine ; elle est rentable car elle se vend très bien en Pologne) ; l'abbé Mieczyslaw Mokrzycki, secrétaire particulier adjoint du pape ; monseigneur Henryk Nowack, responsable de la section polonaise de la secrétairerie d'état ; monseigneur Pawel Ptasznik, et d'autres compatriotes aux fonctions moins précises mais qui communiquent eux aussi directement avec monseigneur Stanislaw en ignorant les bureaucratiques et très lents canaux officiels.

Ils fonctionnent en circuit fermé, protégés et aidés par leur langue commune. C'est également le cas des cinq religieuses polonaises, recluses dans les appartements privés, que l'on a une petite chance de croiser au détour de l'Annona, le supermarché détaxé du Vatican où le beurre est danois, le fromage polonais, les alcools français, avec un département épicerie fine plus proche de «Monoprix Gourmet» que de Fauchon, où elles font leurs courses pour acheter les produits de base de la maison pontificale. C'est pratiquement la seule occasion pour les sœurs de quitter le troisième étage. Elles se sont exceptionnellement esquivées, une fois, en août 2000 pendant la veillée des J.M.J., pour voir leur « patron » se faire acclamer place Saint-Pierre par des millions de jeunes du monde entier. Elles se font alors furtives pour ne pas se laisser piéger par des photographes. Ni le public ni les journalistes ne connaissent leurs physionomies, l'un des secrets les mieux gardés d'Italie...

Sœur TobianaSœur Tobiana, infirmière-médecin, veille sur la santé du Saint-Père, à l'approvisionnement de la pharmacie, et l'accompagne depuis peu dans ses voyages.

Sœur Fernanda, la mère économie, gère le train de maison, fait le ménage et se charge de la bonne marche domestique.

Sœur Germana s'occupe des repas. La cuisine est une pièce très simple, rustique, avec une grande table de bois blanc recouverte d'une toile cirée à fleurs et peu d'appareils modernes style mixeur et machine à café Expresse. Au mur, beige et un peu défraîchi, une photo encadrée du pape marchant dans les jardins du Vatican. La sœur cuisinière porte un tablier, un voile qu'elle serre à la nuque et un petit col, tout cela blanc.

Sœur Eufrosyna, d'origine polonaise, juive convertie comme le cardinal Jean-Marie Lustiger, parle presque autant de langues que le Saint-Père : polonais, anglais, allemand, italien, français, elle suit donc sa correspondance privée et, avec une désuète machine à écrire et un petit ordinateur portable, répond au courrier et prépare des lettres sur un épais papier vélin frappé du timbre apostolique et des armoiries de Jean-Paul II Lequel, ensuite, de son fin stylo à encre bleu marine, corrige, paraphe ou appose directement sa signature en latin : « Joannes Paulus II ».

à sœur Matylda revient la responsabilité du vestiaire. Cela peut prêter à sourire, mais il ne s'agit pas d'une charge de tout repos. Jean-Paul II a une vingtaine de soutanes de chez Annibale Gammarelli, le couturier des papes, des cardinaux et des évêques, dont le magasin est sis via Santa Chiara, près du Panthéon. De père en fils, depuis 1798, les Gammarelli habillent les papes sur mesure, dans des tissus plus ou moins riches. Ils ont sur fiche toutes leurs mesures depuis deux siècles (c'est chez eux qu'Edouard Balladur achète ses chaussettes rouges de cardinal en fil d'écosse). Raffinement : les boutons des soutanes blanches du pape sont brodés de fil blanc formant des croisillons ton sur ton. Ces soutanes ont un liseré blanc sur blanc, presque invisible. Moins longues et moins amples que dans leur version ancienne, elles sont passées au-dessus d'une chemise blanche que ferme un col romain avec des poignets mousquetaires — le pape aime beaucoup les boutons de manchette ; il en reçoit souvent de ses familiers, qui connaissent ce détail. Soutanes et chemises doivent être impeccablement repassées pour tomber bien droit. Les poches du pape sont toujours vides. En effet, il n'emporte avec lui aucun papier d'identité. Il est l'homme le plus connu du monde. Il n'a bien entendu jamais d'argent sur lui. Comme pour la reine d'Angleterre, s'il y a quelque chose à payer, sa suite s'en charge. Le pape ne reçoit aucun salaire, contrairement aux cardinaux qui perçoivent 5 300 000 lires par mois, c'est-à-dire environ 16 000 francs. Mais il est défrayé de tout, tel notre président de la République, Cependant, une fois par an, à l'occasion de la journée d'offrande de la fête de Saint-Paul et Saint-Pierre, le 29 juillet, les fidèles peuvent apporter leurs dons au Saint-Père. Ce compte personnel lui sert à alimenter à sa guise des œuvres charitables. Sœur Matylda doit aussi tenir à disposition du Saint-Père d'innombrables calottes car le vent les projette souvent au loin. Il lui incombe également d'entretenir les épaisses ceintures blanches, les longs manteaux crème et la série d'élégantes capes pourpres à fins liserés de fil rouge et or dont le haut est en forme de pèlerine. Elles sont réservées aux circonstances solennelles.

Selon un rituel du Xième siècle, les vêtements blancs que le pape doit porter à l'intérieur symbolisent l'innocence et la charité ; les vêtements rouges qu'il revêt à l'extérieur rappellent le sang des martyrs, l'autorité et la compassion. Et il n'est évidemment pas question que le Saint-Père, malgré ses nombreuses activités de la journée, ait la moindre tache sur ses divers habits blancs. D'ailleurs, confie l'un de ses médecins, « dans les déjeuners de travail il ne mange jamais de salade, de spaghettis ou de tagliatelles afin de ne pas risquer la fatale goutte de vinaigrette ou de sauce sur son camail. En privé, il n'hésite pas à nouer une grande serviette autour de son cou ». Les mocassins bordeaux confectionnés par un bottier de Turin (autrefois taille 43, mais du 44 maintenant, car les pieds du pape sont plus fragiles) doivent évidemment être lustrés à la perfection. Le Saint-Père a aussi un bottier à Cracovie qui lui envoie des chaussures robustes. Enfin, chasubles et étoles brodées de fil d'or font l'objet des soins méticuleux des religieuses, travail difficile car le fil d'or s'oxyde et s'effiloche facilement.

Jean-Paul II porte toujours, à l'annulaire droit, l'anneau pontifical et, fixée à sa soutane, son imposante croix pectorale en or. Il possède plusieurs anneaux pontificaux car ce sont les rares présents vraiment personnels, avec les boutons de manchette et les montres, qu'on puisse lui offrir. Cependant, le pape n'accorde aucune importance à la valeur des cadeaux qu'il reçoit...

Une des sœurs, souvent sœur Matylda, lui fait régulièrement les mains. Chaque mois, Antonio, le coiffeur barbier du Saint-Père, qui a un salon au Borgo Pio, vient lui couper les cheveux.

ardinal DeskurLe dimanche, la communauté polonaise proche du Saint-Père s'élargit. Plus encore que dans le passé, à quatre-vingts ans, le pape aime s'entourer, le jour du Seigneur, de visages familiers. D'abord le cardinal Andrzej Maria Deskur, soixante-seize ans, son ami intime depuis le séminaire, issu de l'aristocratie polonaise nantie et élevé par des nurses anglaises et françaises dans le château de famille, près de Kielce, un moment confisqué par les communistes. Il a deux frères en Pologne. L'un d'eux élève des petits chevaux de race. Il parle sans accent aussi bien le français que l'anglais. Théologien de haut niveau, d'une grande aisance mondaine, très bon joueur de bridge, l'esprit vif, il fut longtemps président du Conseil pontifical pour les communications sociales. Aujourd'hui, il en est resté le président honoraire. Il est l'un des membres les mieux informés de la curie romaine. Seule disgrâce, Deskur, plus proche du pape que tout autre dignitaire de l'église, est resté, à cinquante ans, paralysé à la suite d'une attaque pendant le conclave de 1978. S'il est dans une petite chaise, sa tête fonctionne très bien ! Cet intellectuel influent à l'humour corrosif fit ardemment campagne pour l'élection de Jean-Paul II, lequel, avant d'occuper le siège de saint Pierre, habitait presque toujours chez lui lorsqu'il s'arrêtait à Rome. Quelques heures après son élection triomphale, c'est à Deskur qu'il consacra sa première sortie pour lui rendre visite à l'hôpital Gemelli. Chaque dimanche sans exception, le cardinal Deskur vient vers 13 heures retrouver le pape pour déjeuner. Ils fêtent toujours ensemble leurs anniversaires respectifs et, le 4 novembre, la Saint-Charles, fête du souverain pontife.

« Je me creuse la tête toute la semaine pour trouver de nouvelles blagues à lui raconter », me confie-t-il.

— Mais sur quoi, éminence ?

— Sur saint Pierre. Sur le cardinal Martini. Sur le cardinal Ratzinger. Et sur les Italiens de la curie romaine. Les sujets ne manquent pas !

— Vous voulez insinuer que les Italiens l'agacent ?

— Non, ce n'est pas exactement cela. Il ne comprend pas toujours ce qu'ils tentent de lui expliquer. Il les trouve un peu alambiqués et confus ; comme il n'est guère enclin à la polémique, il a souvent tendance à trancher les discussions avec eux d'un argument bref et bien ciblé. »

Le cardinal Deskur a, avec le pape, une liberté de ton qui stupéfie toujours les autres invités.

Ces chaleureux repas (qui commencent toujours par le bénédicité) où l'on sert des plats polonais : soupe à l'orge légèrement acidulée, tripes à la Wadowice, c'est-à-dire au basilic et aux oignons sauvages, côtelette de porc chasseur aux choux, tarte aux épinards, fromages forts, sont souvent l'occasion de réunir, hors de tout protocole, le dimanche, des personnalités polonaises du Saint-Siège, la « curie parallèle », dont certains sont logés dans les palazzi du Vatican, et aussi des intellectuels polonais — dont son ami de jeunesse et écrivain le père Mieczyslaw Malinski —, des évêques de passage, des amis du collège polonais de l'Aventin et naturellement, quand il se trouve à Rome, Jerzy Kluger, le plus vieil ami de Karol Wojtyla depuis le collège Marcin-Wadowita. Juif polonais résidant entre Londres et l'Italie, cet ingénieur de formation, devenu un homme d'affaires important, est le seul avec lequel Wojtyla puisse encore évoquer les souvenirs lointains de leur enfance commune à Wadowice, cette petite ville du Sud polonais qui le vit naître le 18 mai 1920. La guerre les sépara, mais Jerzy retrouva en 1978 son brillant camarade de classe devenu pape.

Ainsi se réunissent-ils entre Slaves pour un repas détendu où l'on plaisante beaucoup, et où l'on chante parfois. Contrairement à la légende, le Saint-Père ne boit pas de vodka polonaise, juste son habituel verre de vin blanc des vignes pontificales coupé d'eau. En revanche, ses convives polonais lui font honneur, prétextant que la vodka polonaise est moins nocive que la russe. Jean-Paul II est, avec eux, détendu comme il ne l'est jamais dans ses repas plus officiels, heureux de reconstituer cet univers intime et chaleureux qui lui a tant fait défaut.

C'est sans doute grâce à cette atmosphère familiale et soutenu par sa foi immense que Jean-Paul II réussit à préserver son équilibre et à traverser les épreuves.

Un dimanche, alors qu'il recevait, dans l'une des grandes salles solennelles d'audience, des pèlerins polonais qui se précipitaient passionnément pour le toucher, il leur dit en riant, avec cette familiarité dont il fait toujours preuve avec ses compatriotes et qui agace tellement le personnel italien du Vatican : « Nous sommes tous cousins. Vous n'avez qu'à dire que vous avez un parent à Rome, cela vous facilitera l'obtention d'un visa. » Une simple boutade, mais qui illustre parfaitement l'attachement viscéral qu'il a pour son peuple ! Parmi ses visiteurs polonais, le Saint-Père reçoit avec une attention particulière les religieux qui ont été séminaristes à Cracovie quand il y était archevêque. Il avait coutume de voir ces jeunes gens individuellement et d'être à l'écoute de leurs problèmes. Il en a vu passer un bon millier. « Cela, explique le père Pawel Sukiennik, qui était l'un d'eux, a créé entre nous et Karol Wojtyla des liens profonds qui subsistent trente ans après. » Le père Sukiennik est aujourd'hui curé de la paroisse de Niegowic dont Jean-Paul II fut le vicaire entre 1948 et 1949.

Vierge de CzestochowaEnfin, le successeur du prince des Apôtres, qui, depuis les débuts de son pontificat, est partagé entre son engagement pastoral, son mysticisme et son penchant pour la théologie, a placé son existence à Rome sous la protection de la Vierge polonaise de Czestochowa. En tant que Polonais, il la vénère avant toute autre représentation de Marie. Il a accroché une reproduction de l'icône dans la chapelle de ses appartements privés. La Vierge noire de Czestochowa portant l'Enfant Jésus, surnommée ainsi à cause de son visage sombre, est la sainte patronne de la Pologne. Ses fidèles lui attribuent des dons miraculeux. Ils sont convaincus qu'aux heures les plus dures de leur histoire elle a ranimé la foi du pays et l'a sauvé de la menace russe. Ainsi Wojtyla lui a-t-il confié sa vie et son ministère dès son ordination sacerdotale en 1946. Geste qu'il a renouvelé en 1999 à genoux, au pied du sanctuaire de Czestochowa, sur la colline de Jasna Gora, en Pologne. Et il a envoyé à ce sanctuaire la large ceinture blanche tachée de sang qu'il portait à la taille le jour de son attentat du 13 mai 1981. Car, comme il l'avait déclaré quelques semaines plus tard aux fidèles venus place Saint-Pierre : « La Vierge a détourné de sa propre main les balles meurtrières. » Quand il se rend en Pologne, le Saint-Père y rencontre son ancien condisciple de séminaire, le cardinal Franciszek Macharski, archevêque de Cracovie, qui fait lui aussi partie du cercle de ses très proches et qui le loge toujours à l'évêché (qui fut sa « maison » de 1964 à 1978). Quand le cardinal vient à Rome, il prend au moins un repas avec Jean-Paul II.

Cardinal MacharskiLe cardinal Macharski m'a reçue à l'archevêché de Cracovie, un lieu très italien par sa décoration et son atmosphère. Au sol, d'élégants pavés de marbre noirs et blancs. Des appartements majestueux aux couleurs florentines et partout des tableaux religieux anciens, dont une galerie des papes depuis la Renaissance. Le cardinal m'a confié : « Dès sa jeunesse, Jean-Paul II a su quel serait l'essentiel dans sa vie. Certes, il ne pensait pas devenir pape. Mais déjà il était celui qui a dit, le jour de son élection place Saint-Pierre : "N'ayez pas peur. " Déjà très mystique, il priait énormément. Il se dominait beaucoup et n'aimait pas trancher. Il voulait que les gens soient responsables d'eux-mêmes. Ce qui est frappant, c'est qu'il écoute toujours, aujourd'hui comme hier, ses interlocuteurs jusqu'au bout. Malgré sa piété profonde, c'était aussi un homme d'action; comme prêtre, comme évêque, comme cardinal, il savait mobiliser les fidèles et surtout les jeunes. La Pologne est toujours présente dans sa prière. »

II est donc incontestable qu'au plus profond de lui-même l'amour de son pays tient une place essentielle dans le cœur du Saint-Père. Deskur dit qu'il serait capable de quitter le Vatican en une heure pour aller porter secours aux Polonais, qui le lui rendent bien. Partout où il pose les pieds sur sa terre natale, ils lui érigent une statue, toujours en bronze. Détail : sur ces statues, la soutane du Saint-Père est toujours volontairement emportée sur la droite comme par un vent qui se lève de l'ouest vers l'est !

Autre trait de caractère typiquement polonais de Jean-Paul II, comme l'explique le cardinal Poupard : un goût inné du secret. Victime des régimes totalitaires de l'Est et donc méfiant, le pape pratique la prudence depuis toujours. « Je ne l'ai jamais vu prendre aucune note, dit le cardinal, alors qu'il m'a toujours interrogé sur des sujets variés avec une grande précision. Il n'écrit rien et se fie uniquement à sa mémoire exceptionnelle. Habitué à cerner les problèmes, il ne se laisse pas détourner de ce qu'il veut connaître. Tout au plus demande-t-il à la personne qu'il reçoit de lui remettre une fiche technique où la signature n'apparaît jamais. » Réflexe évident de circonspection d'un Polonais de l'église du silence, cette église qui, pendant toutes les années de régime totalitaire, a été le seul lieu d'expression de la liberté polonaise. Les églises étaient les seuls endroits où la police politique n'entrait pas.

C'est en secret que Karol Wojtyla, après l'invasion nazie et le séminaire clandestin (parce que dans un pays communiste), fut ordonné prêtre le 1er novembre 1946 à Cracovie, dans la chapelle privée du cardinal prince Adam Stefan Sapieha. Cinquante-quatre ans plus tard, on n'échappe pas à son passé. La prudence du Saint-Père est amplement justifiée car, en cette fin de règne, où courent tant de rumeurs, des oreilles malveillantes pourraient être à l'écoute dans les immenses palais pontificaux, et les spécialistes électroniciens du Vatican sont sans cesse à la recherche de micros cachés. Ils en ont déjà trouvé. Cette forme d'espionnage serait redoutable au cours d'un futur conclave (sans parler des portables). La Constitution apostolique, au sujet de la vacance du siège pontifical, prévoit que pendant le conclave « deux techniciens de confiance » s'assureront qu'aucun moyen d'enregistrement ou de transmission ne pénétrera dans la chapelle Sixtine où s'assembleront les cardinaux, ni dans les locaux de Domus Santae Marthae dans l'enceinte même du Vatican et tenu par les sœurs de la Charité, où ils seront logés.

L'amour de sa terre natale est si puissant que Jean-Paul II, en vingt-deux ans de pontificat, y est retourné sept fois. Il y est toujours accueilli avec autant d'enthousiasme. Aujourd'hui encore, presque dix ans après la chute du régime communiste, la première chaîne nationale de télévision polonaise comme la radio nationale retransmettent tous les dimanches, à midi, en direct, la bénédiction papale de la fenêtre des appartements du Vatican. Et l'aéroport de Cracovie a été baptisé l'année dernière « aéroport Jean-Paul II». De Gaulle et Kennedy n'ont eu un tel honneur qu'après leur mort !

En 1982, Jean-Paul II, qui était allé en Toscane, à Livourne, visiter une usine Solvay — société qui l'employa comme casseur de pierres pendant la guerre, dans ses carrières de soude à Cracovie —, avait fourni dans son allocution l'une des explications de cet attachement. « La Pologne, avait-il dit, est ma patrie, bien que, depuis que je suis devenu pape, ma patrie soit aussi le monde. En tout cas je dois à la Pologne ceci : c'est un pays qui a beaucoup souffert et qui m'a préparé à comprendre tous ceux qui souffrent aussi bien par manque de biens que par manque de liberté. Ma solidarité avec tous les peuples qui souffrent m'est donc naturelle. »

Sources: éditions Nil et Eucharistie sacrement de la miséricorde

Le Pape en Privé

"Le Pape en privé"

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Le Pape intime

"Jean-Paul II intime"

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Le cardinal Stanislas Dziwisz a publié un nouvel ouvrage sur
Jean- Paul II : "Une vie avec Karol"

Cardinal DziwiszLe cardinal Stanislas Dziwisz, qui a été pendant de nombreuses années le secrétaire particulier du pape Jean-Paul II, mais surtout son ami et son confident, a publié un nouvel ouvrage sur Jean-Paul II, "Une vie avec Karol". En France, ce livre a été co-édité par Desclée de Brouwer et Seuil. En Italie et en Pologne, le livre s'est arraché en quelques jours.

Dans ce livre, le cardinal Dziwisz raconte ses souvenirs durant les 40 ans passées aux côtés de Karol Wojtyla. Le 2 octobre, dans un communiqué, l'éditeur a déjà donné de brefs extraits du livre interview conduit par le journaliste italien Gian Franco Svidercoschi, ancien vice-directeur de "L'Osservatore Romano"

Ainsi, au chapitre 19 du livre, intitulé "Ces deux coups de pistolet", Stanislas Dziwisz revient sur l'attentat contre Jean-Paul II, le 13 mai 1981. " Lorsque nous sommes arrivés à la polyclinique (Gemelli, ndlr), il a perdu connaissance. Et alors oui, en ce moment précis, je me suis rendu compte que sa vie était en danger mortel. Les médecins qui ont effectué l'intervention me confessèrent plus tard l'avoir opéré sans croire - ils me l'ont dit ainsi - sans croire à la survie du patient ", raconte le cardinal Dziwisz.

Dans "l'incipit" de son livre de conversations, le cardinal polonais confie aussi ses sentiments au jour des obsèques de Jean-Paul II, lors de la fermeture du cercueil du pape." C'était la dernière fois que je voyais son visage… Oui, bien sûr, je l'aurais ensuite revu mille autres fois, chaque heure, chaque jour. Je l'aurais revu avec les yeux de la foi. Et naturellement je l'aurais revu avec les yeux du cœur, de la mémoire. Tout comme j'aurais continué à sentir sa présence, même différemment de ce à quoi j'étais habitué. Mais, cette fois-là, c'était la dernière fois que je voyais son visage, pour ainsi dire, physiquement. Humainement. La dernière fois que je voyais celui qui avait été pour moi un père et un maître. La dernière fois que je voyais son corps, ses mains, mais surtout que je voyais son visage. Et le visage me rappelait son regard, parce qu'en lui c'était le regard qui te touchait immédiatement. Et pour cela, je voulais que ce moment ne finisse jamais. Je faisais tout lentement, pour faire durer le temps, infiniment… ", narre ainsi l'ancien secrétaire du pape polonais.

Déjà, dans "Lasciatemi andare" (Laissez-moi m'en aller), publié en mars 2006 par les éditions italiennes San Paolo (et qui a été publié en langue française par les Editions Parole et Silence en septembre 2006 sous le titre « Laissez-moi m'en aller, la force dans la faiblesse), Mgr Stanislas Dziwisz revenait de façon inédite sur les moments de souffrance du pape polonais mort le 2 avril 2005. Mais ce nouvel ouvrage porte davantage sur ses souvenirs personnels autour de la figure de Karol Wojtyla tout au long des quarante années passées à ses côtés en tant que secrétaire particulier, d'abord en Pologne, puis à Rome.

Lire des extraits du livre sur www.la-croix.com


 

Un ami juif de Jean-Paul II salue la visite du pape à Auschwitz

Jerzy KlugerWadowice, Pologne (Reuters) - La visite du pape Benoît XVI à Auschwitz contribuera à la réconciliation entre les juifs et les chrétiens, a déclaré Jerzy Kluger, un ami d'enfance juif du pape défunt Jean-Paul II.Dimanche 4 juin 2006, à l'issue d'un voyage de quatre jours en Pologne, le souverain pontife se rendra au camp d'Auschwitz-Birkenau où furent exterminés un million et demi de personnes, dont 90% de juifs."L'enjeu spirituel de la venue de Benoît XVI à Auschwitz (...) où des personnes de confessions différentes ont été tuées (...) est de montrer que nous sommes tous égaux", a affirmé Jerzy Kluger, qui a grandi avec Jean-Paul II à Wadowice.Ce Polonais, âgé de 86 ans, fut un temps à titre personnel le conseiller du pape polonais sur les questions juives.Il estime que la visite de Benoît XVI à Auschwitz était d'abord un hommage rendu par le chef de l'Eglise catholique, plutôt que par un Allemand qui a lui-même connu la Deuxième Guerre mondiale.Cette halte aura d'ailleurs une signification personnelle pour Joseph Ratzinger, qui fut brièvement enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes.Avec le soutien de plusieurs collectifs juifs, Kluger souhaite aujourd'hui faire ériger une statue de Jean-Paul II au centre de Cracovie, en hommage au rapprochement judéo-chrétien qu'il a initié.

 


 

Joaquin Navarro Valls

« Jean-Paul II saint aussi dans la vie quotidienne »

« Jean-Paul II a été saint aussi dans la vie quotidienne » a déclaré son porte-parole, M. Joaquin Navarro Valls.»

Joacquim Valls


C’est ce qu’il a déclaré lors de l’enregistrement de l’émission intitulée « Sur le chemin de Damas » (" Sulla Via di Damasco") de Don Giovanni D’Ercole, Roberto Milone e Vito Sidoti.

 

Il confie ce souvenir personnel : « Le souvenir le plus beau et le plus émouvant de Jean-Paul II et que je porte dans mon cœur est lié à un fait personnel : la mort de mon père. J’étais rentré à la maison pour les funérailles et le matin même des obsèques, à 8 heures, mon téléphone portable a sonné. C’était lui, le pape, qui m’appelait pour me présenter ses condoléances et pour me demander des nouvelles de la santé de ma maman. J’en suis encore étonné aujourd’hui. Un pontife pris par tant de tâches s’était souvenu de moi et de mon pauvre papa. Je crois que cela aussi est un signe de sainteté : être en communion avec tous y compris le dernier des collaborateurs et des fidèles dans la vie quotidienne ».

« Une autre facette de la personnalité de Jean-Paul II, continue M. Navarro Valls, et qui m’a toujours fasciné, c’est son rapport spécial à la prière à laquelle il consacrait plusieurs heures par jour. J’avais, il y a quelques années, un rendez-vous de travail avec le pape Wojtyla. Son secrétaire me dit qu’il était en prière dans sa chapelle privée et qu’il allait être averti de mon arrivée. Je suis entré moi aussi dans la chapelle et, en silence, j’ai attendu. Quelque 40 minutes ont passé sans que Jean-Paul II ne bouge. Puis, à l’improviste, il se rendit compte que j’étais arrivé et il exclama : « Excusez-moi, mais je ne me suis pas rendu compte que le temps passait. Et c’était tous les jours comme cela : la prière était une partie déterminante de sa vie ».

Mais il dit encore : « Jean-Paul II a été un pape joyeux, jusqu’à la fin, même dans les moments de douleur, il a su affronter la vie avec la joie qui doit être la marque de tout chrétien : vivre la foi avec allégresse ».

Il tord aussi le cou à des idées reçues : « Il n’est pas vrai que Jean-Paul II a été un pape qu’on n’écoutait pas. Je crois au contraire qu’il a contribué de façon déterminante à faire grandir la sensibilité éthique de l’homme moderne. Et ce résultat, il l’a atteint lorsque, avec un mélange incroyable de travail et de prière, qui l’a conduit à ne jamais regarder les résultats, mais les objectifs suivants à atteindre. Avec les derniers jours de sa vie, il nous a enseigné comment mourir et comment l’on peut et l’on doit vivre la souffrance. Le soir de sa mort, je me suis senti mal pendant un moment, lorsque je suis passé des appartements du Saint-Père, qui combattait entre la vie et la mort, et la salle de presse où le monde était en attente de nouvelles. Alors j’ai compris que l’on ne pouvait pas éliminer une part importante de l’extraordinaire vie de ce pape, les derniers instants de souffrance qui avaient été partie intégrante de son histoire extraordinaire ».

« Je souhaite, a conclu le directeur de la salle de presse du Vatican, que Jean-Paul II puisse être béatifié au plus vite parce que je suis convaincu de sa sainteté au-delà de tout procès ».

ROME, Jeudi 19 janvier 2006 (ZENIT.org)

 

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